Volume 04 pages 128-129
une quantité de bétail et d’outillage moindre par unité
de surlace*.
Les arguments de Kautsky quant aux avantages de la
grande production sur la petite dans l’agriculture capi
taliste sont présentés d’une laçon tort incomplète par
M. Boulgakov. Ce qui lait la supériorité de la grande
agriculture, ce n’est pas seulement une perte moindre de
surlace mise en valeur, les économies sur le cheptel vif
et mort, utilisé plus à fond, une plus grande possibilité
de se servir des machines, des facilités de crédit, mais
aussi les avantages commerciaux de la grande exploitation,
l’engagement par cette dernière de gérants compétents
(Kautsky, S. 104). La grande exploitation recourt sur
une plus vaste échelle à la coopération des ouvriers et à
la division du travail. Kautsky attribue une importance
toute particulière à la formation agronomique de l’exploi
tant agricole : « Un gérant ayant une bonne formation
scientilique ne peut être entretenu que par une entreprise
assez grande pour que la direction et la surveillance de
l’exploitation l’occupent à plein temps » (S. 98 : « cette
dimension de l’exploitation varie avec le genre de pro
duction », allant do 3 hectares pour la vigne à 500 hecta
res pour une culture extensive). Kautsky signale à ce
propos ce fait intéressant et extrêmement caractéristique
que la multiplication des écoles d’agriculture élémentai
res et moyennes est prolitable non au paysan mais au gros
exploitant, à qui elle procure des employés (cette remar
que est valable aussi pour la Russie). « L’instruction
supérieure requise pour une rationalisation vraiment inté
grale de la production est difficilement conciliable avec
les conditions d’existence actuelles des paysans. C’est
là une condamnation, non pas de l’instruction supérieure,
évidemment, mais de ces conditions. Cela signifie seule
ment que la production paysanne se maintient à côté de la
grande production, non pas grâce à une productivité plus
élevée, mais grâce à un niveau plus bas des besoins » (99).
La grande production doit entretenir non seulement de la
main-d’œuvre paysanne, mais encore de la main-d’œuvre
♦ Voir V. Postnikov, L'exploitation paysanne dans le Sud de la
Russie. Cf. V. Iline : Le développement du capitalisme, chapitre IJ,
paragraphe 1. (Voir V. Lénine, Œuvres, tome 3.—N.R.)
venue de la ville, et dont le niveau des besoins est infi
niment plus élevé.
Les données extrêmement intéressanles et importantes
rappelées par Kautsky pour démontrer l’existence «d’un
travail excessif et d’une consommation insullisante dans
la petite production » sont présentées par M. Boulgakov
comme « quelques ( ! ) citations prises au hasard (??) ».
M. Boulgakov « se fait iort » de produire la même quantité
de « citations de caractère opposé ». Il oublie seulement
de dire s’il se lait fort aussi d’avancer l’affirmation op
posée et de la démontrer par ses « citations de caractère
opposé ». Car c’est là tout le lond du problème ! M. Boul
gakov prétendrait-il que la grande production dans la
société capitaliste se distingue de la production paysanne
par un travail excessif et par une réduction des besoins
du travailleur ? 11 est trop prudent pour énoncer une af
firmation aussi grotesque. Il estime possible d’éluder
le travail excessif et la réduction des besoins des paysans
en faisant remarquer que « dans certains endroits, les pay
sans vivent à l’aise, tandis qu’ailleurs ils vivent dans
la pauvreté ! ! » Que diriez-vous d’un économiste qui, au
lieu de généraliser les renseignements sur la situation
de la petite et de la grande production, entreprendrait
d’étudier les différent^ « degrés d’aisance » de la popula
tion dans tels ou tels « endroits » ? Que diriez-vous d’un
économiste qui esquiverait le travail excessif et la con
sommation réduite des artisans par rapport aux ouvriers
de fabrique en faisant remarquer que « dans certains en
droits les artisans vivent à l’aise, tandis qu’ailleurs ils
vivent dans la pauvreté »? A ce propos, un mot sur les
artisans. « Kautsky, écrit M. Boulgakov, a songé sans
doute à un parallèle avec la Hausindustrie*, où le travail
au-delà do la norme n’a pas de limites techniques » (con
trairement à ce qui se passe dans l’agriculture), « mais ce
parallèle ici n’est pas valable ». M. Boulgakov, répondrons
nous, a sans doute lu le livre qu’il critique avec une né
gligence surprenante, parce que Kautsky n’a pas songé à
un parallèle avec la Hausindustrie, mais il l'a carrément
et nettement indiqué dès la première page du paragraphe
* Industrie artisanale. (TV.R.)
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