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allant de pair avec la concentration des établissements
de crédit. » Quant à cette question, eh bien, nous n’allons
pas discuter avec M. Boulgakov.
III
Après avoir examiné les traits fondamentaux de l’a
griculture féodale et de l’agriculture capitaliste, Kautsky
aborde le problème « de la grande et de la petite produc
tion » (chap. VI). Ce chapitre est l’un des meilleurs de
son livre. Il analyse, pour commencer, « la supériorité
technique de la grande production ». Tranchant la question
au profit de cette dernière, Kautsky ne donne nullement
une formule abstraite qui ignorerait la diversité considé
rable des rapports agricoles (ainsi que M. Boulgakov le
présume bien à tort), mais indique au contraire avec clarté
et précision qu’il faut tenir compte de cette diversité
lorsqu’on veut appliquer la loi théorique à l’étude de
la pratique. La supériorité de la grande production agri
cole sur la petite n’est inévitable, « cela va de soi », que
« toutes choses égales par ailleurs». (S. 100. Los italiques
sont de moi.) Cela en premier lieu. Môme dans l’indus
trie, la loi de la supériorité de la grande production n’est
pas du tout aussi absolue et aussi simple qu’on se l’imagine
parfois ; là aussi, c’est seulement lorsque « toutes choses sont
égales par ailleurs» (ce qui est loin d’être toujours le cas
dans la réalité) que la loi est pleinement applicable. Quant
à l’agriculture, qui se distingue par une complexité et une
diversité de rapports incomparablement plus grandes, la
possibilité de faire jouer intégralement cette loi est soumise
à des conditions beaucoup plus rigoureuses. Par exemple,
Kautsky lait très justement remarquer qu’à la limite de la
propriété paysanne et de la petite propriété seigneuriale, il
se produit « une transformation de la quantité en qualité » :
la grande exploitation paysanne peut être « sinon technique
ment, du moins économiquement, supérieure » à la pètite
exploitation seigneuriale. L’entretien d’un gérant com
pétent (un des principaux avantages de la grande production)
est-une charge trop lourde pour les petits domaines, et la
gestion exercée personnellement par le maître lui-même
est souvent, tout simplement, celle d’un « junker », et n’a