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par son âpreté et par son ton inhabituel dans les polémiques
entre auteurs proches par leurs tendances. Voici quelques
spécimens des expressions employées par M. Boulgakov :
« extrêmement superliciel »... « il y a là aussi peu de véri
table agronomie que de véritable économie »... « Kautsky
élude par des phrases (les italiques sont de M. Boulgakov !!)
les problèmes scientifiques sérieux», etc., etc. Examinons
donc de plus près les expressions de ce critique si sévère,
tout en faisant connaître au lecteur le livre de Kautsky.
I
Avant même de s’en prendre à Kautsky, M. Boulgakov
adresse en passant une réprimande à Marx. Il va de soi
qu’il souligne les immenses mérites du grand économiste ;
mais il soutient qu’on relève « parfois » chez Marx certai
nes «conceptions erronées... d’ores et déjà suffisamment
réfutées par l’histoire». «Au nombre de ces conceptions
figure par exemple celle en vertu de laquelle, dans l’agri
’ culture, le capital variable diminue par rapport au capital
constant, tout comme dans l’industrie de transformation,
si bien que la composition organique du capital agricole
augmente sans cesse. » Qui se trompe ici, Marx ou M. Boul
gakov ? Ce dernier fait allusion à ce fait que, dans l’éco
nomie rurale, le progrès de la technique et le développe
ment de la culture intensive ont souvent pour conséquence
ù'accroître la quantité de travail nécessitée par la mise
en valeur d’une superficie donnée. Cela est indéniable.
Mais de là à rejeter la théorie de la diminution du capital
variable par rapport au capital constant, proportionnelle
ment à ce dernier, il y a loin. La théorie de Marx affirme
seulement que le rapport (v—capital variable, c—capital
constant) révèle dans l’ensemble une tendance à diminuer,
même si v s’accroît par unité de surface ; est-ce que cela
réfute la théorie de Marx si, en même temps, c augmente
encore plus rapidement ? En ce qui concerne l’agriculture
des pays capitalistes prise dans son ensemble, on constate
une diminution de v et une augmentation de c, La popula
tion rurale et le nombre des ouvriers agricoles diminuent
aussi bien en Allemagne qu’en France et en Angleterre,
tandis que se multiplient les machines utilisées dans l’a-