Volume 04 pages 94-95
quant à plusieurs pays au lieu d’un seul. 11 est clair égale
ment que la théorie abstraite de la réalisation doit prendre
comme point de départ une société capitaliste idéalement
développée.
Parlant des publications marxistes, Strouvé fait la re
marque générale que voici : « Les refrains orthodoxes pré
valent encore, mais ils ne peuvent étouffer le nouveau cou
rant critique, parce que la vraie force, dans les questions
scientifiques, est toujours du côté de la critique et non de
la foi. » Comme on le voit d’après l’exposé qui précède,
nous avons dû nous convaincre que le « nouveau courant
critique» ne garantit pas contre la répétition d’anciennes
erreurs. Non, restons plutôt «sous le signe de l’orthodoxie » !
Ne nous laissons pas persuader que l’orthodoxie permet
d’accepter quoi que ce soit comme un article de foi, qu’elle
exclut les applications dans un esprit critique et le progrès
continu, qu’elle autorise à estomper les questions histori
ques derrière des schémas abstraits. S’il existe dos disciples
orthodoxes coupables de ces péchés vraiment graves, la
faute en incombe entièrement à eux-mêmes et non à 1 ’ortho
doxie qui se distingue par des qualités diamétralement op
posées.
Rédigé en mare 1899
Publié en août 1899 dans le n* ô’
de la revue « Naoutchnoïé Obozré
nié »
Signé: V. I line
Conforme au texte de la revue
COMPTE REiNDU
Karl Kautsky. Die Agrarjrage. Einc Uebersicbt über die Ten
denzen dermodernen Landwirtschaftund die Agrarpolilik u.s.w.
Stuttgart, Dietz, 1899*.
Après le livre III du Capital, l’ouvrage de Kautsky
est la plus remarquable des publications économiques
modernes. Jusqu’à présent, il manquait au marxisme
une étude méthodique du capitalisme dans l’agriculture.
Kautsky a désormais comblé cette lacune par la première
partie do son volumineux ouvrage (450 p.), intitulée :
«Le développement de l’agriculture dans la société capi
taliste » (pp. 1 à 300). Dans sa prélace, il note très
justement que, sur la question du capitalisme agricole,
il s’est amoncelé une masse « écrasante » de matériaux
statistiques et d’un caractère descriptif ; il importe de
mettre en lumière les « tendances fondamentales » de
l’évolution dans ce secteur de l’économie nationale, de pré
senter les divers phénomènes du capitalisme agricole comme
des « manifestations particulières d’un seul et même pro
cessus général (d’ensemble) » (eines Gesamtprozesses). En
effet, les formes de l’agriculture et les rapports qui régis
sent la population des campagnes dans la société actuelle
se distinguent par une diversité si considérable qu'il
n’est rien de plus facile, pour un auteur, que de puiser
dans un ouvrage quelconque une foule d’indications et de
faits « confirmant » ses vues. C’est par ce procédé que notre
presse populiste a échafaudé tout un corps de doctrines vi
sant à prouver que la petite exploitation paysanne est via
ble, voire supérieure à la grande production agricole. Le
propre de ces raisonnements est qu’ils montent en épin
* Karl Kautsky. La question agraire. Essai sur les tendances de
l’agriculture moderne et sur la politique agraire, etc. Stuttgart, Dietz,
1899. (ïV.Z?.)