☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 70-71

COMPTE RENDU
La Russie commerciale et industrielle. Indicateur à l’usage
des marchands et des fabricants. Rédigé sous la direction
de A. Blaou. directeur de la section de statistique au départe
ment du Commerce et des Manufactures. Saint-Pétersbourg
1899. Prix: 10 roubles.

Les éditeurs de cet énorme volume s’étaient fixé pour
but de «combler une lacune dans notre littérature écono
mique» (p. 1), plus précisément de donner à la fois l’a
dresse des entreprises commerciales et industrielles de
toute la Russie et des renseignements sur « la situation
de telle ou telle branche de l’industrie ». Il n’y aurait rien
à redire à cette combinaison de références et de maté
riaux scientifico-statistiques si les uns et les autres étaient
présentés sous une forme suffisamment complète. Or, il
faut malheureusement constater que, dans cet ouvrage,
les adresses tiennent beaucoup plus de place que les données
statistiques, fragmentaires et insuffisamment analyseés.

Tout d’abord, le grand défaut en est, par rapport aux pu
blications antérieures du même type, qu’il n’indique
pas les données statistiques pour chacun des établissements
et chacune des entreprises figurant sur la liste. Par suite,
l’énumération des établissements et des entreprises, qui
occupe 2 703 grandes colonnes d’un texte très serré, perd
toute portée scientifique. Or, dans l’état chaotique où
se trouve notre statistique du commerce et de l’industrie,
il est justement très important de posséder des chiffres
concernant en particulier chaque établissement et chaque
entreprise, car nos organismes officiels ne fournissent
jamais un dépouillement tant soit peu acceptable de ces
données, et se bornent à communiquer des résultats d’en
semble où les matériaux relativement dignes de foi sont
mélangés à d’autres absolument sans valeur. Nous mon-

trerons tout à l’heure que cette dernière remarque s’ap
plique également à l’ouvrage dont il est question ici ;
mais, pour commencer, nous attirerons l’attention sur
le procédé original employé par les auteurs. Alors qu’ils
enregistrent les adresses des entreprises pour chaque in
dustrie, ils n’indiquent leur nombre et le total de leur
chiffre d’affaires que pour la Russie tout entière ; ils cal
culent le chiffre d’affaires moyen d’un établissement
dans chaque branche de production et distinguent par
un signe spécial les entreprises se situant au-dessus ou
au-dessous de ce chiffre. Il eût été beaucoup plus ration
nel (s’il était vraiment impossible de communiquer des
renseignements sur chaque établissement pris à part) de
définir quelques catégories d’entreprises identiques pour
toutes les branches du commerce et de l’industrie (d’après
le montant de leur chiffre d’affaires, le nombre de leurs
ouvriers, la nature de la force motrice utilisée, etc.) et
de répartir tous les établissements dans ces catégories.

Il eût été possible, dans ces conditions, de voir tout au
moins dans quelle mesure les matériaux étaient complets
et comparables dans les différentes provinces et dans les
différentes branches de production. En ce qui concerne,
par exemple, la statistique des fabriques et des usines, il
suffit de prendre connaissance de la définition extraordi
nairement vague de cette notion à la page 1 de l’ouvrage
en question (en note), et de feuilleter les listes de fabri
cants dans quelques industries pour se convaincre que ces
renseignements statistiques sont disparates. On ne peut
donc considérer les résultats d’ensemble de la statisti
que des fabriques et dos usines, fournis dans la section
I de la lre partie de La Russie commerciale et industrielle
(«Aperçu historique et statistique de l’industrie et du com
merce de la Russie») qu’avec la plus grande circonspection.

Nous y lisons qu’en 1896 (en partie en 1895), il existait
dans tout l’Empire de Russie 38 401 fabriques ayant une
production totale de 2 745 000 000 de roubles et employant
1 742 181 ouvriers, compte tenu des productions soumises
ou non à l’accise et des entreprises métallurgiques. Nous
pensons qu’on ne saurait, sans vérifications substantielles,
comparer ce chiffre à ceux de notre statistique des fabri
ques et des usines pour les années précédentes. En 1896,