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leur force de conviction et n’expliquent pas le processus
de la reproduction sociale » (ouv. cité, p. 248), alors que
M. Tougan-Baranovski déclare que « M. Boulgakov ne
comprend pas clairement la destination même de tels
schémas » (Mir Boji, n°6, 1898, p.125). A notre avis,
dans le cas présent, la vérité est tout entière du côté de
M. Boulgakov. C’est plutôt M. Tougan-Baranovski qui
« ne comprend pas clairement la signiiication des schémas »
en admettant qu’ils « démontrent la justesse de la con
clusion » (ibid.). Les schémas ne peuvent rien démontrer
par eux-mêmes ; ils ne peuvent qu'illustrer un processus,
si les éléments particuliers en sont éclairés par Vanalyse théori
que. M. Tougan-Baranovski a établi ses propres schémas, dis
tincts de ceux de Marx (et infiniment moins clairs que ces
derniers), en omettant par surcroît l’explication théori
que des éléments du processus qu’ils sont destinés à illus
trer. La thèse fondamentale de la théorie de Marx, qui a
montré que le produit social se décompose non pas seulement
en capital variable + plus-value (comme le pensaient
A. Smith, Ricardo, Proudhon, Rodbertus, etc.), mais en
capital constant + les parties précitées, — cette thèse,
M. Tougan-Baranovski ne l’a absolument pas expliquée,
encore qu’il l’ait adoptée dans ses schémas. Le lecteur
n'est pas en mesure de comprendre cette thèse fondamentale
de la nouvelle théorie. M. Tougan-Baranovski n’a absolu
ment pas motivé la nécessité de distinguer les deux sections
de la production sociale (I : les moyens de production et
II : les biens de consommation), alors que, selon la juste
remarque de M. Boulgakov, « il y a plus de sens théorique
dans cette seule distinction que dans toutes les controver
ses sur la théorie des marchés qui l’ont précédée » (ouv.
cité, p. 27). C’est pourquoi l’exposé de la théorie de Marx
est bien plus clair et plus exact chez M. Boulgakov que
chez M. Tougan-Baranovski.
Un examen plus serré du livre de M. Boulgakov nous
amène, pour conclure, à faire la remarque suivante. Environ
un tiers de son ouvrage est consacré aux questions de « la
différence des cycles du capital » et du « fonds des sa
laires ». Les chapitres qui portent ces titres nous sem
blent les moins heureux. Dans le premier, l’auteur tente
de compléter (voir p.63, note) l’analyse de Marx et se