☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

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(par exemple, les mécaniciens employés aux batteuses à
vapeur, etc.), sur les marchés où se louent les travailleurs
agricoles.

Mais nos ouvriers agricoles sont encore trop fortement
liés à la paysannerie ; les misères communes à tous les
paysans pèsent encore trop sur eux pour que leur mouvement
puisse jouer, ni aujourd’hui, ni dans un proche avenir, un
rôle à l’échelle nationale. Au contraire, balayer les vestiges
du servage, extirper de toute la vie de l’Etat russe l’es
prit de l’inégalité de caste et l’avilissement de dizaines
' de millions d’hommes du « bas peuple », voilà une question
qui prend dès maintenant une signification nationale et
dont un parti, qui prétend jouer le rôle de champion de la
liberté, ne saurait se désintéresser.

Les malheurs du paysan sont maintenant (sous une forme
plus ou moins générale) reconnus de tous ou peu s’en faut ;
la formule sur les « insuffisances » de la réforme de 1861 et
la nécessité d’une aide de l’Etat est devenue une vérité
courante. Notre devoir est de souligner que ces malheurs
proviennent justement de l’oppression de classe qui pèse
sur la paysannerie ; que le gouvernement est le fidèle
fenseur des classes qui exercent cette oppression, et que ceux
qui veulent sincèrement et sérieusement obtenir une amé
lioration radicale de la condition des paysans doivent, non
pas rechercher son aide, mais s’efforcer de secouer son joug
et de conquérir la liberté politique. On parle du taux ex
cessif des indemnités de rachat, de la mesure bienfaisante
que constitueraient leur réduction et la prolongation de
leur délai de paiement par le gouvernement. Nous répon
drons à cela que toutes ces indemnités de rachat ne sont
pas autre chose qu’une spoliation, dissimulée sous des for
mes légales et des phrases bureaucratiques, des paysans
par les grands propriétaires fonciers et le gouvernement,
un tribut versé aux tenants du servage pour l’affranchisse
ment de leurs esclaves. Nous réclamerons l’abolition immé
diate et totale des indemnités de rachat et redevances,
la restitution au peuple des centaines de millions que le
gouvernement tsariste lui a fait suer pendant des années
pour satisfaire les appétits des propriétaires d’esclaves.

On parle de la pénurie de terre chez les paysans, de la
cessité d’une aide de l’Etat pour accroître l’étendue des