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lequel les soldats russes vont au feu, etc., etc. A plat ven
tre devant le gouvernement et le sac d’écus, les journalistes
se mettent en quatre pour attiser dans le peuple la haine
de la Chine. Mais le peuple chinois n’a jamais ni d’aucune
façon opprimé le peuple russe, le peuple chinois soutire
des mêmes maux que le peuple russe : d’un gouvernement
asiatique pressurant d’impôts les paysans allâmes et écra
sant par les armes toute aspiration à la liberté, et du joug
du capital, qui a pénétré aussi dans l’Empire du Milieu.
La classe ouvrière russe commence à sortir de cet abîme
d’abrutissement et d’ignorance politiques dans lequel vé
gète la masse du peuple. C’est pourquoi tous les ouvriers
conscients ont le devoir de s’opposer de toutes leurs forces
à ceux qui attisent les haines nationales et détournent
l’attention du peuple de ses vrais ennemis. La politique
du gouvernement tsariste en Chine est une politique crimi
nelle qui accentue encore la ruine du peuple, qui le corrompt
et l’asservit encore davantage. Non seulement le gouverne
ment tsariste tient notre peuple en esclavage, mais il l’en
voie pacifier d’autres peuples, soulevés contre leur propre
esclavage (comme ce lut le cas en 1849, quand les troupes
russes écrasèrent la révolution hongroise). Non seulement
il aide les capitalistes russes à exploiter leurs ouvriers dont
il lie les mains pour les empêcher de se grouper et se défen
dre, mais il envoie encore ses soldats piller d’autres peuples
au prolit d’une poignée de richards et de nobles. Pour se
débarrasser du nouveau fardeau que la guerre lait peser sur
le peuple, il n’est qu’un seul moyen : convoquer les re
présentants du peuple, qui mettront lin au pouvoir absolu
du gouvernement et l’obligeront à tenir compte d’autre
chose que des intérêts d’une bande de courtisans.
« Iskra » n°l, décembre 1900
Conforme au texte de l'a Iskra»
LA SCISSION DE L’UNION DES SOCIAL
DEMOCRATES RUSSES A L’ETRANGER
Au printemps do cette année, l’Union des social-démo
crates russes à l’étranger a tenu en Suisse un congrès qui a
amené sa scission. La minorité, avec à sa tête le groupe
« Libération du Travail », fondateur de l’Union et rédac
teur de ses éditions jusqu’en automne 1898, a créé une
organisation distincte sous le nom d’Organisation ré
volutionnaire russe « Le Social-Démocrate ». La majori
té, avec la rédaction du Rdbotchéié Diélo, a conservé le nom
de l’Union. Le congrès des social-démocrates russes, qui
s’est réuni au printemps de 1898 et a formé le « Parti ou
vrier social-démocrate de Russie », avait reconnu l’Union
comme le représentant de notre Parti à l’étranger. Que de
vient cette représentation à présent que l’Union s’est di
visée ? Nous n’entrerons pas dans le détail des causes de
la scission. Notons seulement la fausseté de l’accusation
si répandue et si grave d’après laquelle Plékhanov aurait
accaparé l’imprimerie de l’Union. En réalité, le gérant de
l’imprimerie a seulement refusé de la remettre intégralement
à l’une des fractions de l’Union, et les deux parties se la sont
peu après partagée entre elles. L’essentiel, à notre point de
vue, c’est que dans la discussion le Rdbotchéié Diélo avait
tort sur le fond : il niait, contrairement à la vérité, l’exis
tence de la tendance « économique », et pratiquait une
tactique erronée consistant à faire le silence sur les excès de
cette tendance et à s’abstenir de les combattre ouvertement.
Aussi, sans nier aucunement les services rendus par le
Rdbotchêié Diélo, qui a beaucoup fait pour éditer les publi-