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Notre gouvernement assure, en premier lieu, qu’il ne
fait pas du tout la guerre à la Chine : il ne fait que réprimer
un soulèvement, mater des rebelles, aider le gouvernement
légitime chinois à rétablir l’ordre légal. La guerre n’a pas
été déclarée, mais cela ne change rien au fond des choses,
puisqu’elle a quand même lieu. Qu’est-ce qui a suscité
l’attaque des Chinois contre les Européens, cette rébellion
réprimée avec tant de zèle par les Anglais, les Français, les
Allemands, les Russes, les Japonais, etc. ? C’est « l’ani
mosité de la race jaune contre la race blanche », « la haine
des Chinois contre la culture et la civilisation européennes »,
affirment les partisans de la guerre. En effet, les Chinois
haïssent les Européens, mais quels Européens haïssent-ils,
et pour quelles raisons ? Les Chinois ne haïssent pas les
peuples européens, — ils ne sont jamais entrés en conflit avec
eux, — mais les capitalistes européens et les gouvernements
européens aux ordres de ces derniers. Comment les Chinois
pourraient-ils ne pas haïr des gens qui ne sont venus en Chine
que par amour du lucre, qui ne se sont servis de leur civilisa
tion tant vantée que pour tromper, piller et exercer des vio
lences, qui ont fait la guerre à la Chine pour obtenir le
droit de vendre l’opium qui abrutit le peuple (la guerre de
1,’Angleterre et de la France contre la Chine en 1856), qui
ont hypocritement mené une politique de brigandage sous
le couvert de la propagation du christianisme ? Cette poli
tique de brigandage est pratiquée depuis longtemps à l’é
gard de la Chine par les gouvernements bourgeois d’Euro
pe ; maintenant ils ont à leurs côtés, le gouvernement au
tocratique russe. L’on a coutume de baptiser cette poli
tique de brigandage du nom de politique coloniale. Tout
pays qui possède une industrie capitaliste en plein dévelop
pement en arrive très vite à chercher des colonies, c’est-à
dire des pays où l’industrie est faiblement développée, qui
vivent sous un régime plus ou moins patriarcal, et où l’on
peut écouler des produits manufacturés et réaliser de coquets
bénéfices. Et, pour enrichir une poignée de capitalistes, les
gouvernements bourgeois ont entrepris des guerres intermi
nables, ont fait périr des régiments entiers dans des pays
tropicaux au climat insalubre, ont gaspillé par millions
l’argent soutiré au peuple, ont acculé les populations à des
révoltes désespérées ou à la mort par la famine. Rappelez-