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LA GUERRE DE CHINE
La Russie touche au terme de la guerre avec la Chine :
toute une série de régions militaires ont été mobilisées,
des centaines de millions de roubles dépensés, des dizai
nes de milliers de soldats envoyés en Chine, bien des
batailles livrées, bien des victoires remportées, — des vic
toires, à vrai dire, moins sur dos armées régulières de l’en
nemi que sur des insurgés, et plus souvent encore sur des
Chinois désarmés qu’on a noyés et massacrés, sans reculer
devant l’assassinat de femmes et d’enlants, et nous ne par
lons pas du sac dos palais, des maisons et des boutiques.
Et le gouvernement russe, avec les journaux à sa dévotion,
chante victoire, exulte à l’annonce des nouveaux exploits
de ses troupes valeureuses, magnifie l’écrasement de la
barbarie chinoise par la civilisation européenne, les nou
veaux succès de la « mission civilisatrice » de la Russie en
Extrême-Orient.
Mais ce qu’on n’entend pas, dans ce concert d’allégresse,
c’est la voix des ouvriers conscients, de ces représentants
d’avant-garde des millions d’hommes qui lorment la popu
lation laborieuse. Pourtant, c’est sur le peuple laborieux que
retombe tout le poids do ces nouvelles campagnes triompha
les : c’est de son sein que l’on arrache les travailleurs pour
les envoyer au bout du monde, c’est sur lui qu’on prélève
des impôts en proportion accrue pour trouver les millions
nécessaires. Essayons donc de tirer ces questions au clair :
comment les socialistes doivent-ils considérer cette guerre ?
à qui profite-t-elle ? quelle est la véritable signification
de la politique suivie par le gouvernement russe ?
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