Volume 04 pages 386-387
d’activité. Enfin, en ce qui concerne la tactique, nous nous
contenterons de ceci : la social-démocratie ne se lie pas
les mains, ne borne pas son activité à un plan préconçu
ou à un procédé de lutte politique préétabli; elle admet tous les
moyens de lutte, pourvu qu’ils correspondent aux lorces
disponibles du Parti et permettent d’obtenir le maximum
de résultats dans des conditions données. Si le Parti est
fort et organisé, une grève isolée peut se transformer en mani
festation politique, en victoire politique sur le gouverne
ment. Si le Parti est fort et organisé, une insurrection lo
cale peut prendre les proportions d’une révolution victo
rieuse. Rappelons-nous que la lutte contre le gouvernement
pour des revendications partielles, que le lait d’arracher
telle ou telle concession ne sont que des escarmouches
avec l’ennemi, des engagements d’avant-postes, et que le
combat décisif est encore à venir. Devant nous se dresse
dans toute sa puissance la forteresse ennemie, d’où part une
grêle de boulets et de balles qui emportent nos meilleurs
soldats. Nous devons prendre cette forteresse, et nous la
prendrons, si nous unissons toutes les forces du proléta
riat qui s’éveille et toutes les lorces des révolutionnaires
russes en un seul parti, qui attirera à lui tout ce que la
Russie compte de vivant et d’honnête. C’est alors seulement
que s’accomplira la grande prophétie de l’ouvrier révolu
tionnaire russe Piotr Alexéïev : « Le bras musculeux de
millions de travailleurs se lèvera, et le joug du despotis
me, protégé par les baïonnettes des soldats, sera réduit
en poussière !»1S0
Rédigé dans la première quinzaine Conforme au texte de Ve Ishra »
de novembre 1900
Publié en décembre 1900, dans le
n° 1 du journal « ïskra »
LA GUERRE DE CHINE
La Russie touche au terme de la guerre avec la Chine :
toute une série de régions militaires ont été mobilisées,
des centaines de millions de roubles dépensés, des dizai
nes de milliers de soldats envoyés en Chine, bien des
batailles livrées, bien des victoires remportées, — des vic
toires, à vrai dire, moins sur dos armées régulières de l’en
nemi que sur des insurgés, et plus souvent encore sur des
Chinois désarmés qu’on a noyés et massacrés, sans reculer
devant l’assassinat de femmes et d’enlants, et nous ne par
lons pas du sac dos palais, des maisons et des boutiques.
Et le gouvernement russe, avec les journaux à sa dévotion,
chante victoire, exulte à l’annonce des nouveaux exploits
de ses troupes valeureuses, magnifie l’écrasement de la
barbarie chinoise par la civilisation européenne, les nou
veaux succès de la « mission civilisatrice » de la Russie en
Extrême-Orient.
Mais ce qu’on n’entend pas, dans ce concert d’allégresse,
c’est la voix des ouvriers conscients, de ces représentants
d’avant-garde des millions d’hommes qui lorment la popu
lation laborieuse. Pourtant, c’est sur le peuple laborieux que
retombe tout le poids do ces nouvelles campagnes triompha
les : c’est de son sein que l’on arrache les travailleurs pour
les envoyer au bout du monde, c’est sur lui qu’on prélève
des impôts en proportion accrue pour trouver les millions
nécessaires. Essayons donc de tirer ces questions au clair :
comment les socialistes doivent-ils considérer cette guerre ?
à qui profite-t-elle ? quelle est la véritable signification
de la politique suivie par le gouvernement russe ?
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