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8 heures, au contraire, sont la revendication de tout le pro
létariat, adressée non pas à tel ou tel patron, mais au pou
voir d’Etat, en tant que représentant de tout le régime so
cial et politique actuel, à toute la classe des capitalistes
détenteurs de tous les moyens de production. La reven
dication de la journée de 8 heures a pris un sens spécial :
c’est une déclaration de solidarité avec le mouvement
socialiste international. Nous devons laire en sorte que
les ouvriers prennent conscience de cette différence et
ne ramènent pas la revendication des 8 heures au niveau
de revendication comme celle de billets gratuits ou du
renvoi d’un gardien. Tout le long de l’année, ici ou là, les
ouvriers présentent constamment aux patrons toutes sor
tes de revendications particulières et luttent pour les faire
aboutir : les socialistes, en les aidant dans cette lutte,
doivent toujours montrer qu’elle se rattache à la lutte du
prolétariat de tous les pays pour son émancipation. La
journée du 1er mai doit avoir le sens d’une déclaration so
lennelle par laquelle les ouvriers reconnaissent ce lien et
s’associent résolument à cette lutte.
Prenons le point 10 sur la formation d’une commis
sion pour examiner les différends. Une commission ainsi
composée d’élus des ouvriers et de l’administration serait
sans doute d’une grande utilité, mais seulement à deux
conditions : liberté absolue des élections et indépendance
absolue des délégués. Quelle utilité aura-t-elle si l’on con
gédie les ouvriers qui mèneront campagne contre l’élection
de créatures de l’administration ou qui attaqueront violem
ment cette dernière, en dévoilant toutes ses vexations ?
Or, ces ouvriers ne seront pas seulement renvoyés ; ils
seront jetés en prison. Donc, pour qu’une commission de
ce genre soit utile aux ouvriers, il laut d’abord que les
délégués ne dépendent pas des autorités de la fabrique ;
ce qui n’est possible que s’il existe une association ouvriè
re libre, englobant un grand nombre de fabriques, ayant
sa propre caisse et prête à assumer la défense de ses délé
gués. La commission ne peut rendre des services que si
elle groupe beaucoup de fabriques et, si possible, toutes
celles d’une même branche d’industrie. Il faut ensuite,
en second lieu, que la personne des ouvriers soit inviolable,
c’est-à-dire qu’ils ne puissent pas être arrêtés selon le bon