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son « individualisme » et à ses « ultimatums », car sur
des questions de ce genre il était décidé à ne pas ouvrir le
vote, mais à poser des ultimatums.
Je partis le soir même, sans revoir personne d’autre
du groupe « Libération du Travail ». Nous décidâmes de
ne raconter à personne ce qui s’était passé, sauf dans notre
entourage le plus proche, de sauver les apparences, de ne
pas fournir une occasion de triomphe aux adversaires.
Extérieurement, il ne s’était rien produit, toute la machi
ne devait continuer à tourner comme auparavant : seule
ment, une corde s’était rompue à l’intérieur, et d’excel
lentes relations personnelles avaient fait place à des rela
tions d’allaircs sèches, compliquées de perpétuels cal
culs, selon la formule : si vis pacem, para bellum *.
Il n’est pas sans intérêt cependant de noter, le soir
du même jour, une conversation que j’eus avec un très pro
che camarade et partisan de Plékhanov, membre du groupe
« Le Social-Démocrate ». Je ne lui touchai pas un mot
de ce qui s’était passé, je lui annonçai que la revue était
définie dans scs grandes lignes, les articles distribués, qu’il
ne restait plus qu’à se mettre à l’œuvre. Je m’entretins
avec lui des moyens pratiques d’entreprendre la chose :
il allirma catégoriquement que les vieux étaient absolu
ment incapables d’assurer le travail de rédaction. Je lui
parlai des « trois combinaisons » et lui demandai sans
détour laquelle, à son avis, était la meilleure. Il me répon
dit franchement et sans hésiter : « La première » (nous
rédacteurs, eux collaborateurs), en ajoutant que sans doute
la revue appartiendrait à Plékhanov et le journal à vous.
A mesure que nous nous éloignions des péripéties de
cette histoire, nous la considérions avec plus de sang-froid
et nous en vînmes à cette conviction qu’il n’y avait aucune
raison de tout lâcher, que nous ne devions pas craindre
pour le moment de prendre la rédaction (du recueil), que
c était bien à nous de nous en charger, car autrement il
n’y aurait absolument aucune possibilité de laire fonc
tionner convenablement la machine et d empêcher l’entre
prise de tomber victime des « qualités » désorganisatrices
de Plékhanov.
* Si tu veux la paix, prépare la guerre. (1N.R.)