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inouï ouvrier spontané (comme sont parfois enclins à le
croire aujourd’hui certains de nos « praticiens ») ; elle con
siste à unir le socialisme et le mouvement ouvrier. Cette
union seule donne au prolétariat russe la possibilité de rem
plir sa première tâche politique : libérer la Russie du joug
de l’autocratie.
Quant à la répartition de ces thèmes et questions entre
la revue et le journal, elle sera déterminée uniquement par
la dillérence de volume de ces publications, ainsi que par
leur différence de caractère : la revue doit servir surtout
à la propagande, le journal surtout à l’agitation. Mais il
faut que la revue comme le journal reflètent tous les as
pects du mouvement, et nous tenons tout spécialement à
souligner notre désapprobation d’un plan qui ferait insérer
dans le journal ouvrier exclusivement ce qui se rapporte
directement et immédiatement au mouvement ouvrier
spontané, en réservant à l’organe destiné aux intellectuels
tout ce qui se rapporte à la théorie du socialisme, à la scien
ce, à la politique, à l’organisation du Parti, etc. 11 faut
précisément, au contraire, rattacher tous les faits concrets
et toutes les manifestations concrètes du mouvement ou
vrier à ces questions ; il faut éclairer par la théorie chaque
fait particulier ; il faut que la propagande rende les pro
blèmes de la politique et do l’organisation du Parti fa
miliers aux plus larges masses de la classe ouvrière ; il faut
que ces problèmes deviennent un sujet d’agitation. La forme
d’agitation qui a régné jusqu’ici chez nous, presque sans
partage, à savoir l’agitation à coups de tracts de caractère
local, devient insuffisante : elle est trop étroite, car elle
ne traite que des questions locales, et principalement des
questions économiques. Il faut tâcher de mettre sur pied
une forme supérieure d’agitation : une agitation par le
journal, enregistrant périodiquement à la fois les plaintes
des ouvriers, les grèves ouvrières, les autres formes de la
lutte du prolétariat et toutes les manifestations de l’oppres
sion politique dans toute la Russie, en tirant de chacun do
ces faits des conclusions déterminées en fonction des buts
finaux du socialisme et des tâches politiques du prolétariat
russe. « Etendre le cadre et élargir le contenu do notre
travail de propagande, d’agitation et d’organisation », ces
paroles do P. Axelrod doivent être le mot d’ordre définis
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