Volume 04 pages 334-335
tous nos efforts vers la formation d’un parti uni et forme,
combattant sous le drapeau du programme social-démocrate
révolutionnaire, maintenant la continuité du mouvement
et œuvrant méthodiquement à son organisation. Cette con
clusion n’est pas neuve. Elle a déjà été tirée par les social
démocrates russes il y a deux ans, quand les représentants
des principaux groupements social-démocrates de Russie,
réunis en congrès au printemps de 1898, fondèrent le Parti
ouvrier social-démocrate de Russie, publièrent le Mani
feste de ce parti eL reconnurent la Rabotchdia Gazéta comme
son organe oiliciel. Nous considérant comme des membres
du Parti ouvrier social-démocrate de Russie, nous parta
geons sans réserve les idées essentielles du Manifeste et lui
attribuons une très grande importance en tant que procla
mation publique des buts auxquels doit tendre notre Parti.
Aussi, pour nous, membres du Parti, la question des objec
tifs prochains et immédiats se pose do la façon suivante :
quel plan d’action devons-nous adopter pour assurer une
restauration aussi solide que possible du Parti ? Certains
camarades (et même certains groupes et organisations ) sont
d’avis qu’il faut, à cet effet, élire un nouvel organisme cen
tral et le charger de reprendre la publication de l’organe
du Parti u7. Ce plan, à notre sens, est erroné ou, tout au
moins, hasardeux. Créer et affermir le Parti, c’est créer
et affermir l’union de tous les social-démocrates russes ;
or, une pareille union ne saurait être purement et simple
ment décrétée, instaurée du simple fait d’une décision adop
tée, disons, par une assemblée de délégués ; il faut la mettre
sur pied. R faut mettre sur pied, premièrement, une littéra
ture politique commune à tout le Parti, commune non seu
lement en ce sens qu’elle servira tout le mouvement russe
et non telle ou telle région ou qu’elle traitera du mouvement
dans son ensemble et aidera dans leur lutte les prolétaires
conscients au lieu d’examiner simplement les questions
locales, mais commune encore en ce sens qu’elle groupera
toutes les forces littéraires disponibles et exprimera tou
tes les nuances de pensée et de vues existant parmi les social
démocrates russes considérés non comme des militants iso
lés, mais comme des camarades liés par un programme com
mun et par une lutte commune dans les rangs d’une même
organisation. Il faut mettre sur pied, deuxièmement, une
organisation spécialement chargée de maintenir la liaison
entre tous les centres du mouvement, de procurer en temps
utile des informations complètes sur ce mouvement et d'ali
menter régulièrement en presse périodique tous les points
de Russie. C’est seulement quand cette organisation aura
été mise sur pied, quand on aura créé une poste socialiste
russe, que le Parti aura son existence assurée, qu’il devien
dra un lait réel et aussi, par conséquent, un facteur po
litique puissant. C’est à la première moitié de cette tâ
che, c’est-à-dire à la mise sur pied d’une littérature com
mune, que nous voulons consacrer nos ellorls, car nous y
voyons un besoin vital du mouvement à l’heure actuelle
et une démarche préparatoire indispensable à la reprise
de l’activité du Parti.
De ce caractère de l’objectif que nous nous proposons
découle tout naturellement le programme qui devra inspirer
les organes que nous publions. Ils doivent laite une large
place aux problèmes théoriques, c’est-à-dire aussi bien à
la théorie social-démocrate en général qu’à son applica
tion à la réalité russe. L’urgence de la mise en discussion
publique de ces problèmes à l’heure actuelle ne lait aucun
doute et se passe de commentaires, après ce qui vient d’être
dit. Il va de soi qu’aux questions de théorie générale doit
être étroitement rattachée l’information sur le mouvement
ouvrier d’Occident, son histoire et son état présent. Ensuite,
nous nous proposons de procéder à un examen suivi de tou
tes les questions politiques : le Parti ouvrier social-démo
crate doit prendre position sur tous les problèmes que la
vie lait surgir dans tous les domaines, sur les questions
de politique intérieure et internationale ; nous devons taire
en sorte que chaque social-démocrate et chaque ouvrier cons
cient se lasse une opinion déterminée sur tous les problèmes
essentiels : impossible, sans cela, d’organiser sur une gran
de échelle une propagande et une agitation méthodiques.
La discussion des questions de théorie et de politique sera
rattachée à l’élaboration du programme du Parti, dont la
nécessité a été reconnue déjà par le congrès de 1898 ; et
nous avons l’intention de publier prochainement un pro
jet qui, discuté sous tous ses aspects, lournira des maté
riaux sullisants au prochain congrès, lequel aura à adopter
le programme du Parti118. Ensuite, nous jugeons particu-