☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

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agissant isolément, chacun d’eux est complètement désar
et risque de succomber sous le joug du capital, ils en
viennent à se dresser d’un commun accord contre leurs
patrons. Des grèves ouvrières éclatent. Il arrive souvent
qu’au début les ouvriers ne savent meme pas ce qu’ils
veulent, qu’ils ne se rendent pas compte de ce qui les lait
agir ainsi : ils brisent les machines, sans plus, ou détrui
sent les fabriques. Ils veulent seulement faire sentir aux
fabricants qu’ils sont révoltés ; ils font l’essai de leurs
forces conjuguées pour sortir d’une situation intolérable,
sans savoir encore au juste pourquoi leur situation est si
désespérée et vers quoi ils doivent orienter leurs efforts.

Dans tous les pays, l’indignation ouvrière s’est mani
festée à l’origine par des soulèvements isolés, des émeutes,
pour employer le langage de la police et des fabricants
de chez nous. Dans tous les pays, ces soulèvements isolés
ont engendré, d’une part, des grèves plus ou moins pacifi
ques, et, d’autre part, une lutte générale de la classe ou
vrière pour son émancipation.

Quel est le rôle des grèves (ou débrayages) dans la
lutte de la classe ouvrière ? Pour répondre à cette question,
nous devons d’abord nous arrêter un peu plus longue
ment sur les grèves. Si, comme nous l’avons vu, le sa
laire de l’ouvrier est déterminé par un contrat entre celui
ci et le patron, et si, en l’occurrence, l’ouvrier isolé se
trouve complètement désarmé, il est évident que les ou
vriers doivent nécessairement soutenir en commun leurs
revendications, qu’ils doivent nécessairement organiser
des grèves pour empêcher les patrons de réduire les salaires
ou pour obtenir un salaire plus élevé. Et en effet, il n’est
pas un seul pays à régime capitaliste où il n’y ait des grè
ves ouvrières. Dans tous les pays d’Europe et en Améri
que, les ouvriers se sentent partout désarmés quand ils
agissent isolément, et ils ne peuvent résister au patronat
qu’en agissant d’un commun accord, soit en faisant grève,
soit en eu agitant la menace. Plus le capitalisme se déve
loppe, plus les grandes usines et fabriques se multiplient,
plus les petits capitalistes sont délibérément évincés par
les grands, et plus devient impérieuse la nécessité d’une
résistance commune des ouvriers. Car le chômage s’ag
grave, la concurrence devient plus âpre entre les capita
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