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il faut bien se dire que cette condition est indispensable
également pour rendre intelligible la lutte économique :
dans ce domaine aussi l’ouvrier non averti, appartenant
aux couches inférieures et moyennes de la masse, n’est
pas en mesure de s’assimiler l’idée générale de la lutte
économique ; cette idée est assimilée par un petit nombre
d’ouvriers cultivés à qui la masse emboîte le pas, en se
laissant guider par son instinct et son intérêt le plus proche,
le plus immédiat.
Il en va de même dans le domaine de la politique :
l’idée générale de la lutte politique ne sera évidemment
assimilée que par l’ouvrier cultivé, à qui la masse emboî
tera le pas, car elle se rend parfaitement compte de son as
servissement politique (comme le reconnaît dans un passage
la Profession de foi du Comité de Kiev), et scs intérêts
quotidiens les plus immédiats la font constamment se heur
ter à toutes sortes de manifestations de l’oppression po
litique. Dans aucun mouvement politique ou social, dans
aucun pays, il n’y a jamais eu et il ne peut y avoir d’autre
rapport que le suivant entre la masse d’une classe donnée
ou d’un peuple et ses peu nombreux représentants cultivés :
en tous temps et en tous lieux, une classe déterminée a
pour guides ses représentants d’avant-garde, ses représen
tants les plus cultivés. Il ne saurait en être autrement dans
le mouvement ouvrier russe. C’est pourquoi la tendance
à vouloir méconnaître les intérêts et les besoins de cette
couche avancée des ouvriers, à vouloir s'abaisser jusqu’au
niveau de compréhension des couches inférieures (au lieu
d'élever constamment le niveau de conscience des ouvriers),
doit nécessairement avoir des effets profondément nuisi
bles et faciliter la pénétration dans le milieu ouvrier de
toutes sortes d’idées qui n’ont rien de socialiste ni de ré
volutionnaire.
Pour en finir avec l’examen des conceptions du Comité
de Kiev sur la lutte politique, [j’ajouterai ce qui suit].
Chose très étrange et en même temps des plus caractéristi
ques pour toute la Profession de foi : le Comité, estimant
impossible d’appeler actuellement la grande masse des
ouvriers à l’action politique, considère comme souhaitable
d’organiser des manifestations partielles qui ne tendraient
qu’à des fins d’agitation (sans viser à exercer une action