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brochure mentionnée plus haut). Et si N.Tchernychevski
a raillé implacablement les «couches avancées de la société
russe », c’est justement parce qu’elles ne comprenaient pas
la nécessité de présenter au gouvernement des revendica
tions formelles et regardaient, d’un œil indillérent. périr
sous les coups du gouvernement autocratique les révolution
naires issus de leur propre milieu. La manière dont R.M.
cite en l’occurrence Tchernychevski est aussi absurde que
le sont les bribes de citations du même auteur, entassées
au petit bonheur dans le second article du « Supplément
spécial » pour montrer que Tchernychevski n’était pas
un utopiste et que les social-démocrates russes n’auraient
pas apprécié à sa valeur le « grand socialiste russe ». Dans
son livre sur Tchernychevski (articles du recueil Le Social
Démocrate 105, édités en volume séparé, en allemand) Plékha
nov a pleinement reconnu le rôle de Tchernychevski et
précisé la position de ce dernier à l’égard de la doctrine
de Marx et d’Engels. Quant à la rédaction de la Rabotchaïa
Myslt elle s’est tout simplement montrée incapable de
porter une appréciation tant soit peu cohérente et complète
sur Tchernychevski, sur scs côtés forts et ses côtés faibles.
La « véritable question » qui se pose à la social-démocra
tie russe n’est nullement de savoir comment les libéraux
doivent mener la « lutte sociale » (par laquelle, on l’a vu,
R. M. entend l’opposition légale), mais comment organiser
un parti ouvrier révolutionnaire qui luttera pour le renver
sement de l’absolutisme et sera capable de s’appuyer sur
tous les éléments d’opposition en Russie, utiliser toutes
les manifestations d ’opposition pour sa lutte révolutionnaire.
Pour cela, il faut précisément un parti ouvrier révolution
naire, car seule la classe ouvrière peut, en Russie, lutter
résolument et d’une façon conséquente pour la démocratie ;
car, sans l’action énergique d’un tel parti, les éléments
libéraux « peuvent rester à l’état de force mollement inerte
et sommeillante » (P. Axelrod, brochure citée, p. 23). Lors
qu’il dit que nos « couches les plus avancées » mènent une
«lutte sociale effective (!!) contre l’autocratie» (p. 12 de
l’article de R. M.), et que « l’essentiel pour nous, c’est de
savoir comment nos ouvriers doivent mener celte lutte so
ciale contre l’autocratie», lorsqu’il dit cela, R. M. s’écarte
en fait complètement de la social-démocratie. Nous ne pou-