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La manifestation la plus importante de l’opposition libérale
n’a revêtu que la forme de requêtes adressées par les libéraux
au gouvernement du tsar en vue d’obtenir une participa
tion du peuple à la direction des affaires publiques. Et
chaque fois les libéraux ont patiemment supporté les refus
catégoriques et brutaux opposés à leurs requêtes ; ils ont
supporté les persécutions barbares autant qu’illégales
dont le gouvernement de gendarmes récompense même
les tentatives légales d’exprimer son opinion. Faire passer
purement et simplement l’opposition libérale pour une
lutte sociale contre l’autocratie, c’est tout bonnement dé
naturer les faits, parce que les libéraux russes n’ont jamais
organisé de parti révolutionnaire en vue de lutter pour le
renversement de l’autocratie, bien qu’ils aient toujours
été et soient toujours en mesure de trouver à cet effet des
moyens matériels et des représentants à l’étranger du libé
ralisme russe. Or, non seulement R.M. présente la chose
sous un faux jour, mais il y mêle le nom du grand socialiste
russe N. Tchernychevski. « Dans cette lutte, écrit R.M.,
les ouvriers ont pour alliés toutes les couches avancées de
la société russe, qui font valoir leurs intérêts sociaux et
leurs institutions, qui comprennent clairement où est
leur avantage commun, « qui n’oublient jamais » (ici R.M.
cite Tchernychevski) toute « la différence que présente un
changement selon qu’il résulte d’une décision prise en
toute indépendance par le gouvernement ou d'une revendi
cation formelle de la société». Rapporter cette remarque
à tous les représentants de la « lutte sociale », telle que
l’entend R.M., c’est-à-dire à tous les libéraux russes, c’est
commettre une falsification pure et simple. Les libéraux
russes n’ont jamais présenté au gouvernement de revendi
cations formelles, et c’est pour cette raison que les libéraux
russes n’ont jamais joué et ne peuvent aucunement jouer
maintenant un rôle révolutionnaire indépendant. La classe
ouvrière et la social-démocratie ne peuvent avoir pour alliés
«toutes les couches avancées de la société», mais seule
ment les partis révolutionnaires fondés par les membres
de cette société. Quant aux libéraux, ils ne peuvent et ne
doivent être en général qu’une des sources de forces et moyens
supplémentaires pour le parti ouvrier révolutionnaire (com
me l’a dit d’ailleurs très clairement P. Axelrod dans la