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c’est-à-dire que même si, dans la question agraire, il se
range (comme l’auteur de ces lignes) aux côtés des marxis
tes que les bourgeois et les opportunistes de tout poil
aiment à traiter aujourd’hui de « dogmatiques » et d’« or
thodoxes », le social-démocrate russe peut et doit, sans
trahir en rien ses convictions mais au contraire en s’en
inspirant, demander que le parti ouvrier inscrive sur son
drapeau le soutien de la paysannerie (nullement en tant
que classe de petits propriétaires ou de petits patrons),
dans la mesure où cette paysannerie est capable de mener
une lutte révolutionnaire contre les vestiges du servage en
général et contre l'absolutisme en particulier. Car enfin,
nous tous, social-démocrates, nous nous déclarons prêts
à appuyer jusqu’à la grande bourgeoisie, dans la mesure
où elle est capable de mener une lutte révolutionnaire contre
l’état de choses évoqué plus haut, — comment donc pour
rions-nous refuser un tel appui à la classe si nombreuse
de la petite bourgeoisie qui touche par transitions succes
sives au prolétariat ? Si soutenir les revendications libéra
les de la grande bourgeoisie ne signifie pas qu’on soutienne
la grande bourgeoisie, soutenir les revendications démocra
tiques de la petite bourgeoisie ne signifie nullement qu’on
soutienne la petite bourgeoisie : au contraire, l’évolution
que la liberté politique assurera à la Russie conduira
irrésistiblement la petite exploitation à sa perte sous les
coups du capital. Il me semble que ce point ne saurait soule
ver de discussions parmi les social-démocrates. Toute la
question est donc de savoir : 1° comment élaborer des re
vendications qui ne puissent pas servir au soutien des petits
patrons dans la société capitaliste, et 2° si notre paysanne
rie est capable, ne serait-ce qu’en partie, de mener une
lutte révolutionnaire contre les vestiges du servage et con
tre l’absolutisme.
Commençons par la seconde question. Personne n’ira
sans doute nier l’existence d’éléments révolutionnaires au
sein de la paysannerie russe. On sait que des soulèvements
de paysans ont continué à se produire après la réforme con
tre les grands propriétaires fonciers, leurs intendants et
les fonctionnaires à leur dévotion ; on connaît les meurtres
qui ont accompagné les troubles agraires, les émeutes, etc.
On connaît l’indignation croissante, parnai les paysans