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objections des libéraux bourgeois et des social-poliliciens
contre la « théorie de la paupérisation ». A notre avis, la
polémique engagée à ce propos a prouvé amplement Vin
consistance totale de ce genre de «critique ». Bernstein a lui
même reconnu la justesse de ces paroles de Marx en tant
que caractéristique de la tendance du capitalisme, laquelle
devient réalité en l’absence de la lutte de classe du prolé
tariat contre cette tendance, en l’absence de lois —con
quises par la classe ouvrière —sur la protection de cette
dernière. C’est en Russie, précisément, que nous voyons
aujourd’hui ce phénomène se maniicster avec une lorce
énorme aux dépens de la paysannerie et des ouvriers. Et
puis, Kautsky a montré que les paroles sur la « croissance
de la misère, etc. », sont justes non seulement en ce sens
qu’elles caractérisent une tendance, mais encore parce
qu’elles marquent l’aggravation de la «misère sociale»,
c’est-à-dire de la disproportion entre la situation du prolé
tariat et le niveau de vie de la bourgeoisie, — le niveau
des besoins sociaux qui augmentent parallèlement au gi
gantesque progrès de la productivité du travail. Enfin,
ces paroles sont justes en ce sens que, « dans les régions
frontières » du capitalisme (c’est-à-dire dans les pays et
dans les branches de l’économie nationale où le capitalisme
ne fait encore qu’apparaître, se heurtant à l’ordre précapi
taliste), l’aggravation de la misère —non seulement de
la misère « sociale », mais aussi de la plus terrible misère
physique, la famine et la mort qui s’ensuit —prend de vastes
proportions. Chacun sait que cela est dix fois plus vrai de
la Russie que de tout autre pays d’Europe. Notre avis est
donc qu’il est indispensable d’inclure dans le programme
les mots sur la « croissance de la misère, de l’oppression,
de l’esclavage, de la dégradation, de l’exploitation»,
premièrement parce qu’ils caractérisent très justement les
traits fondamentaux et essentiels du capitalisme, qu’ils
font ressortir très précisément le processus qui se déroule
sous nos yeux et qui est une des principales conditions en
gendrant le mouvement ouvrier et le socialisme en Russie ;
deuxièmement, parce que ces mots offrent une très riche
matière à la propagande en exprimant les faits les plus
accablants pour les masses ouvrières, mais aussi qui les
révoltent le plus (chômage, bas salaires, sous-alimenta-