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matière d’activité révolutionnaire et clandestine (nous re
connaissons sans aucune hésitation cette nécessité) ne nous
dispense nullement de l’obligation de les considérer avec
un esprit critique et de créer par nous-mêmes notre organi
sation.
Deux questions essentielles se posent à ce propos avec
une force particulière : 1) Comment concilier la nécessité
d’une entière liberté de l’action social-démocrate locale
avec celle de former un parti unifié et, par conséquent, cen
tralisé ? La social-démocratie puise toute sa force dans le
mouvement ouvrier spontané, qui ne se manifeste ni de la
même manière ni simultanément dans les différents centres
industriels ; l’activité des organisations social-démocrates
locales est le fondement de toute l’activité du Parti. Mais
s’il s’agit de l’action d’« artisans» isolés, on ne pourra
même pas, strictement parlant, l’appeler social-démocrate,
car elle n’organisera ni no dirigera la lutte de classe du pro
létariat. 2) Comment concilier l’aspiration de la social-dé
mocratie à devenir un parti révolutionnaire s’assignant com
me objectif majeur la lutte pour la liberté politique avec
le fait qu’elle se refuse catégoriquement à organiser dos
complots politiques, à « appeler les ouvriers sur les barrica
des » (d’après la juste expression do P. Axolrod), ou plus
généralement à imposer aux ouvriers tel ou tel «plan» d’at
taque contre le gouvernement, imaginé par quelque groupe
de révolutionnaires ?
La social-démocratie russe est pleinement en droit d’af
firmer qu’elle a donné une solution théorique à ces ques
tions ; s’arrêter là-dessus serait répéter ce qui a déjà été
dit dans l’article intitulé « Notre programme ». Il s’agit
maintenant de leur solution pratique. Celle-ci ne saurait
être fournie par une personne ou par un groupe, mais
par l’activité organisée de toute la social-démocratie. Nous
pensons qu’à l’heure actuelle, la tâche la plus urgente est
de s’attacher à résoudre ces problèmes, et que nous devons
à cette fin nous assigner pour objectif immédiat la mise
sur pied d'un organe du Parti paraissant régulièrement et
étroitement lié à tous les groupes locaux. Nous pensons
que l’activité des social-démocrates dans son ensemble
doit être orientée dans ce sens pendant toute la pério
de à venir. Sans un tel organe, le travail des organisations