Volume 04 pages 220-221
concessions du gouvernement — la promulgation de la loi
réduisant la journée de travail83, — nul doute que l’ensemble
de la classe ouvrière russe, dirigée par le « Parti ouvrier
social-démocrate de Russie » uni, saura obtenir par une
bataille opiniâtre des concessions bien plus importantes
encore.
La classe ouvrière russe saura mener sa lutte économique
et politique même si elle est seule, même sans le concours
d’aucune autre classe. Mais dans leur action politique les
ouvriers ne sont pas seuls. La servitude totale du peuple et
l’arbitraire barbare des argousins-îonctionnaires soulèvent
également l’indignation de tous les hommes cultivés
tant soit peu honnêtes, qui ne peuvent tolérer que toute paro
le ou pensée libre soit bafouée; ils soulèvent l’indignation
des Polonais, des Finlandais, des Juils et des sectes russes
qui sont en butte aux persécutions ; ils soulèvent l’indi
gnation des petits marchands, des artisans, des paysans, qui
ne savent où chercher protection contre les vexations des
fonctionnaires et de la police. Séparément, tous ces groupes
de la population sont incapables de mener une lutte politique
opiniâtre, mais lorsque la classe ouvrière aura levé l’éten
dard de crtte lutte, tout le monde lui prêtera main lorte. La
social-démocratie russe prendra la tête de tous ceux qui
combattent pour les droits du peuple, pour la démocratie,
et alors elle sera invincible!
Tel est l’essentiel de nos conceptions que nous dévelop
perons systématiquement et sous tous leurs aspects dans
notre journal. Nous avons la conviction qu’en agissant ain
si. nous suivrons la voie tracée par Je «Parti ouvrier social
démocrate de Russie » dans son Manifeste.
NOTRE TACHE IMMEDIATE
Le mouvement ouvrier russe se trouve actuellement
dans une période de transition. Le magnilique début par
lequel s’illustrèrent les organisations social-démocrates des
ouvriers de la région Ouest, de Pétersbourg, de Moscou,- de
Kiev et d’autres villes, a abouti à la fondation du « Parti
ouvrier social-démoçrate de Russie » (au printemps 1898).
Ce très grand pas en avant semble avoir épuisé momentané
ment toutes les forces de la social-démocratie russe et l’a
ramenée au travail morcelé d’autrefois, exécuté par les di
verses organisations locales. Le Parti n’a pas cessé d’exis
ter, il s’est seulement replié sur lui-même pour rassembler
ses forces et unir sur une base solide tous les social-démocra
tes russes. Réaliser cette unification, élaborer une forme ap
propriée, éliminer définitivement le cadre étroit du morcel
lement local, telle est la tâche immédiate et la plus urgen
te des social-démocrates russes.
Tous conviennent que nous devons organiser la lutte de
classe du prolétariat. Mais qu’est-ce que la lutte de classe ?
Lorsque les ouvriers d’une fabrique, ou d’une profession,
affrontent leur ou leurs patrons, est-ce là la lutte de classe ?
Non. ce n’en est encore qu’un faible embryon. La lutte des
ouvriers ne devient lutte de classe que lorsque tous les re
présentants d’avant-garde de l’ensemble de la classe ouvrière
de tout le pays ont conscience de former une seule classe
ouvrière et commencent à agir non pas contre tel ou tel
patron, mais contre la classe des capitalistes tout
entière et contre le gouvernement qui la soutient. C’est
seulement lorsque chaque ouvrier a conscience d’être mem
bre de la classe ouvrière dans son ensemble, lorsqu’il con-