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défenseurs invétérés de la bourgeoisie et du gouvernement
à sa dévotion ont môme essayé plus d’une fois d’organiser
des syndicats ouvriers purement économiques et de détour
ner ainsi les ouvriers de la « politique», du socialisme. Il
est fort possible que le gouvernement russe réussisse lui
aussi à entreprendre quelque chose d’analogue, car il a
toujours cherché à jeter au peuple quelques misérables
aumônes ou, plus exactement, quelques semblants d’au
mônes, à seule lin de lui faire oublier qu’il est privé de droits
et opprimé. Il n’est pas de lutte économique qui puisse
apporter aux ouvriers une amélioration durable, qui puisse
même se dérouler sur une vaste échelle, si les ouvriers
n’ont pas le droit d’organiser librement des réunions, des
syndicats, d’avoir leurs journaux, d’envoyer leurs repré
sentants aux assemblées nationales, comme le font les ou
vriers d’Allemagne et de tous les autres pays d’Europe (à
l’exception de la Turquie et de la Russie). Or, pour con
quérir ces droits, il faut mener une lutte politique. En Rus
sie, non seulement les ouvriers, mais tous les citoyens sont
privés de droits politiques. La Russie est une monarchie
autocratique, absolue. Le tsar seul promulgue les lois, nom
me et contrôle les lonctionnaircs. De ce fait, il semble qu’en
Russie le tsar et le gouvernement tsariste ne dépendent
d’aucune classe et s’occupent tout autant des unes que des
autres. Mais en réalité, tous les fonctionnaires sont choisis
uniquement parmi la classe possédante, et tous sont soumis à
l’inllucnce des gros capitalistes qui mènent les ministres
par le bout du nez et obtiennent tout ce qu'ils veulent. La
classe ouvrière russe subit un double joug : elle est spoliée
et dépouillée par les capitalistes et les grands propriétaires
fonciers et, pour l’empêcher de se battre contre eux, la poli
ce la tient ligotée et bâillonnée et réprime toute tentative
de défendre les droits du peuple. A chaque grève contre un
capitaliste on lance sur les ouvriers la troupe et la police.
Toute lutte économique se transforme nécessairement en
une lutte politique, et la social-démocratie doit lier indisso
lublement 1’une et I’autre dans une lutte de classe unique du
prolétariat. Le but premier et principal doit en être la con
quête dos droits politiques, la conquête de la liberté poli
tique. Si les ouvriers de Pétersbourg à eux seuls, avec un
faible appui des socialistes, ont su obtenir rapidement des