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COMPTE RENDU
KARL KAUTSKY. Bernstein und das sozialdemokratische Programm.
Eine Antikritik *.
...Dans son introduction, Kautsky énonce plusieurs
idées extrêmement précieuses et justes sur les conditions
auxquelles doit satisfaire une critique sérieuse et de bonne
foi, si ceux qui l’entreprennent ne veulent pas se confiner
dans le cadre étroit d’un pédantisme et d’une érudition
sans âme, s’ils ne veulent pas perdre de vue le lien étroit
et indissoluble qui unit la « raison théorique » à la « raison
pratique », non à la raison pratique d’individus isolés, mais
des masses populaires placées dans des conditions particu
lières. Evidemment, la vérité est au-dessus de tout, dit
Kautsky, et si Bernstein s’est sincèrement convaincu que
ses anciennes conceptions étaient erronées, son devoir strict
est d’exprimer sa conviction avec une netteté pleine et
entière. Mais le malheur est que Bernstein manque préci
sément de droiture et de netteté ; sa brochure est étonnam
ment « encyclopédique » (comme l’a déjà remarqué Anto
nio Labriola dans une revue française ) ; elle effleure une
foule de questions, une infinité de problèmes, mais pour
aucun d’eux, elle ne donne un exposé cohérent et précis
des nouvelles conceptions du critique. Celui-ci se borne à
exprimer ses doutes en abandonnant sitôt abordées des
questions difficiles et complexes sans les avoir soumises
à la moindre élaboration personnelle. D’où il résulte, note
sarcastiquement Kautsky, quelque chose de fort étrange :
les adeptes de Bernstein comprennent son livre de façons fort
diverses, mais ses adversaires l’entendent tous de la même
—
* K. Kautsky, Bernstein et le programme social-démocrate. Une
contre-critique. (N.R.)