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Kaulsky. A entendre M. Prokopovitch, on en viendrait à
penser que la « consommation productive » peut se dévelop
per tout à fait indépendamment de la consommation person
nelle (or, dans celle-ci, la consommation des masses joue
un rôle prédominant), c’est-à-dire que le capitalisme ne
renferme aucune contradiction entre la production et la
consommation. C’est tout bonnement absurde, et Marx et
ses disciples russes se sont clairement prononcés contre une
telle délormation *. Le fait que « l’élargissement de la
production suppose une consommation productive » n’a
nullement pour conséquence la théorie apologético-bourgeoi
se où s’enlise notre « chercheur critique » ; ce qui en
découla, au contraire, c’est précisément la contradiction,
inhérente au capitalisme et qui doit le mener à la faillite,
entre la tendance à un accroissement illimité de la produc
tion et le caractère limité de la consommation.
11 convient également, à propos de cet exposé, de noter
le fait intéressant que voici. M. Prokopovitch est un
partisan fervent de Bernstein dont il cite et traduit
des articles de revue tout au long de plusieurs pages. Bern
stein, dans son fameux livre Die Voraussetzungen, etc. **,
va jusqu’à recommander au public allemand M. S. Proko
povitch comme son adepte en Russie, tout en faisant d’ail
leurs une réserve dont le sens est que M. Prokopovitch est
plus bernsteinien que Bernstein lui-même. Or, chose des
plus curieuses, Bernstein et son chantre russe dénaturent
l’un et l’autre la théorie de la réalisation, mais dans des
sens diamétralement opposés, si bien qu’ils se réfutent mu
tuellement. Premièrement, Bernstein croit voir chez Marx
une « contradiction » lorsque celui-ci, s’élevant contre la
théorie des crises soutenues par Rodbertus, présente en
même temps comme « la cause ultime de toutes les crises
réelles la pauvreté des masses et la limitation de leur con
sommation ». En réalité, il n’y a là aucune contradiction,
comme j’ai déjà eu l’occasion de le montrer ailleurs (Etu
♦ Voir mon article dans le Naoutchnoïé Obozrénié, août 1899,
spécialement p. 1572 (voir le présent tome, pp. 74-94, spécialement
pp. 85-86.— N. R.) et Le développement du capitalisme en Russie,
pp. 16 et suiv (voir V. Lénine, Œuvres, tome 3.— N. R.).
♦♦ Les prémisses, etc. (N.R.)