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dépeints par Hauptmann*, les tisserands de Lyon) était une masse
sauvage, uniquement capable de se lévollcr, mais non de formuler
des revendications politiques quelconques. On peut dire sans ambages
que les Constitutions de 1848 furent conquises par la bourgeoisie et
la petite bourgeoisie, les artisans, D’autre part, la classe ouvrière
(artisans et ouvriers des manufactures, typographes, tisserands, hor
logers, etc.) est habituée depuis le moyen âge à faire partie d’organi
sations, de caisses de secours mutuels, d’associations religieuses, etc.
Cet esprit d’organisation demeure vivace parmi les ouvriers éduqués
d’Occident et les distingue nettement du prolétariat de fabrique, qui
se laisse organiser difficilement et lentement, et est capable seulement
de former des lose-organisation (organisations temporaires), et non
des organisations solides avec statuts et règlements. Ce sont ces mêmes
ouvriers éduqués des manufactures qui constituèrent le noyau des
partis social-démocrates. D’où le tableau suivant : facilité relative
et entière possibilité de mener la lutte politique, d’une part, et,
d’autre part, possibilité d’organiser systématiquement cette lutte avec
le concours des ouvriers éduqués pendant la période manufacturière.
C’est sur ce terrain que grandit en Occident le marxisme théorique
et pratique. Le point de départ fut la lutte politique parlementaire,
avec la perspective — dont la ressemblance avec le blanquisme n’est
qu’extérieure, son origine étant d’un caractère tout différent — de la
conquête du pouvoir, d’une part, d’un Zusammenbruch (d’une ca
tastrophe), d’autre part. Le marxisme fut l’expression théorique de
la pratique dominante : de la lutte politique piévalant sur la lutte
économique. En Belgique comme en France, et particulièrement en
Allemagne, les ouvriers organisèrent la lutte politique avec une faci
lité extraordinaire, et la lutte économique avec d’énormes difficul
tés, avec des tiraillements considérables. Compaiées aux organisa
tions politiques, les organisations économiques (nous ne parlons pas
de l’Angleterre) souffrent jusqu’à piésent d'une faiblesse et d’une
instabilité extrêmes et, partout, laissent à désirer quelque chose* **. Tant
que l'énergie dans la lutte politique ne fut pas complètement épurée,
le Zusammenbruch était le Schlagwort (slogan), organisateur néces
saire, qui devait jouer un très grand rôle historique. La loi fondamen
tale que l’on peut dégager de l’élude du mouvement ouvrier est celle
de la voie du moindre effort. En Occident, cette voie fut l’activité
politique, et le marxisme, tel qu’il est formulé dans le Manifeste
Communiste, s’avéra une forme on ne peut plus heureuse que le mouve
ment devait revêtir. Mais lorsque, dans l’activité politique, toute
l’énergie se fut épuisée, lorsque le mouvement politique en arriva
à un tel degré d’intensité qu’il devint difficile ou presque impossible
de le dépasser (accroissement lent des suffrages dans ces dernières
années, apathie du public dans les réunions, ton découragé des pu
blications), et lorsque, d’autre part, s’affirma l’impuissance de l’ac
♦ Gerhart Hauptmann (1862-1946), poète et dramaturge alle
mand. Auteur des Tisserands, drame sur le soulèvement des tisserands
silésiens dans les années 40 du XIXe siècle. (TV. 7?.)
•* En français dans le texte. (N.R.)