☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 160-161

d’inintelligible ?? Dans l’agriculture comme dans l’indus
trie, le capitalisme donne une gigantesque impulsion au
développement des forces productives, mais cet essor lui
même accentue de plus en plus les contradictions du capi
talisme et lui suscite de nouvelles «difficultés ». Kautsky
développe une des idées fondamentales de Marx qui met
tait catégoriquement en relie! le rôle historiquement progressif
du capitalisme agricole (rationalisation de l’agriculture,
paration delà terre et de l’exploitant, émancipation de la
population rurale par la suppression des rapports de domina
tion et d’esclavage, etc.), tout en attirant non moins caté
goriquement l’attention sur la paupérisation et l’oppression
des producteurs immédiats, sur l’incompatibilité du capita
lisme avec les exigences d’une agriculture rationnelle. 11
est extrêmement étrange que M. Boulgakov, qui reconnaît
que « sa conception philosophique et sociale du monde est
la même que celle de Kautsky »*, ne remarque pas que
Kautsky expose ici une idée fondamentale de Marx. Les
lecteurs du Natchalo resteront certainement perplexes en
se demandant ce que pense M. Boulgakov de ces idées
fondamentales et comment il peut, avec la môme concep
tion générale du monde, déclarer : «De principiis non est
disputandum » !!? ** Nous nous permettons do ne pas ajou
ter foi à cette déclaration de M. Boulgakov ; nous consi
dérons que la discussion entre lui et les autres marxistes est
possible précisément en vertu de la communauté de ces
« principia ». En disant que le capitalisme rationalise
l’agriculture, que l’industrie fournit le matériel technique
à l’agriculture, etc., M. Boulgakov no lait que reprendre un
de ces « principia ». 11 a seulement tort de présenter les
choses comme s’il s’agissait de « tout le contraire ». Les
lecteurs pourraient s’imaginer que Kautsky soutient une
autre opinon alors qu’il développe justement dans son li
vre, très nettement et fermement, ces idées fondamentales
de Marx. «C’est bien l’industrie, écrit-il, qui a réuni les
* En ce qui concerne la conception philosophique du monde, nous
ne savons pas si ces paroles de M. Boulgakov sont justifiées. 11 ne
semble pas que Kautsky soit, comme M. Boulgakov, un partisan de la
philosophie critique.

♦♦ « On ne discute pas sur les principes. » (N.B.)

conditions techniques et scientifiques d’une agriculture nou
velle, rationnelle, c’est elle qui a révolutionné l’agricul
ture par l’emploi des machines et des engrais Artificiels, du
microscope et du laboratoire de chimie, engendrant ainsi la
supériorité technique de la grande production capitaliste
sur la petite production paysanne » (S. 292). Ainsi, Kautsky
ne tombe pas dans cette contradiction que nous trouvons
chez M. Boulgakov: d’une part, ce dernier reconnaît que
« le capitalisme » (c’est-à-dire la production qui recourt au
travail salarié, c’est-à-dire non la production paysanne,
mais la grande production ?) « rationalise l’agriculture »,
mais d’autre part, M. Boulgakov affirme que « ce n’est pas
du tout la grande production qui est ici le porteur de ce pro
grès technique »!

II
Le chapitre X du livre de Kautsky traite de la concur
rence d’outre-mer et de l’industrialisation de l’agricul
ture. M. Boulgakov s’exprime à son sujet sur un ton extrê
mement dédaigneux : « Rien de spécialement nouveau ou
original, des laits essentiels plus ou moins connus », etc.,
en laissant dans l’ombre la question londamentale de la
façon de concevoir la crise agraire, sa nature et sa signi
fication. Or, cette question revêt une énorme importance
théorique.

De la conception générale de l’évolution de l’agricul
ture élaborée par Marx et développée en détail par Kautsky
découle inévitablement celle de la crise agraire. Kaut
sky voit l’essence de cette crise dans le lait que l’agricul
ture européenne a perdu, par suite de la concurrence des
pays produisant le blé à très bon marché, la possibilité de
faire retomber sur la masse des consommateurs les far
deaux que la propriété privée de la terre et la production
marchande capitaliste imposent à l’agriculture. Désormais,
l’agriculture européenne « doit elle-même les supporter (ces
fardeaux), et c'est en cela que consiste l'actuelle crise agrai
re » (S. 239, les italiques sont de Kautsky). Le princi
pal de ces lardeaux est la rente foncière. En Europe, celle
ci a été portée par l’évolution historique à un niveau extrê
mement élevé (tant la rente dillérentiello que la rente ab
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