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Ce chapitre fournit un aperçu remarquablement précis,
succinct et clair, de la gigantesque révolution que le capi
talisme a produite dans l’agriculture en transformant le
métier routinier de paysans abrutis par la misère et acca
blés par l’ignorance en une application scientilique de l’a
gronomie, en troublant la stagnation séculaire de l’agricul
ture, en donnant (et en continuant à donner) une impul
sion’à l’essor rapide des lorces productives du travail so
cial. L’assolement triennal a été remplacé par la rotation
des cultures ; l’entretien du bétail et les .façons culturales
ont été améliorés et le rendement des récoltes s’est accru ;
la spécialisation agricole s’est fortement accentuée, ainsi
que la division du travail entre exploitations. L’uniformité
précapitaliste a cédé le pas à une diversité sans cesse crois
sante, accompagnée d’un progrès technique de toutes les
branches de l’agriculture. On a vu naître et progresser rapi
dement l’utilisation des machines dans l’agriculturc, l’em
ploi de la vapeur ; on commence à se servir de l’électricité
à laquelle il est échu, selon les spécialistes, de jouer dans
ce domaine un rôle encore plus considérable que la vapeur.
On a multiplié les routes d’accès, intensilié la bonification
des terres ainsi que l’emploi d’engrais artiliciels, confor
mément aux données de la physiologie végétale ; on a com
mencé à appliquer la bactériologie à l’agriculture. Lorsque
M. Boulgakov prétend que Kautsky « n’accompagne pas
ces informations* d’une analyse économique », sa déclaration
est absolument sans iondernent. Kautsky montre avec pré
cision le lien qui rattache cette révolution à la croissance
du marché (notamment à celle des villes) et à la subordina
tion de l’agriculture à la concurrence, qui l’a obligée à se
transformer et à se spécialiser. « Cette révolution, écrit
♦ « Tous ccs renseignements, estime M. Boulgakov, peuvent être
tirés de n'importe quel (sic) manuel d’économie agricole. » Nous ne
partageons pas cette opinion flatteuse de M. Boulgakov sur les « ma
nuels ». Prenons parmi ces «n’importe quels manuels» les livres
russes de MM. Skvortsov (Les transports à vapeur) et N. Kabloukov
(Cours, dont la moitié est reproduite dans un « nouvel » ouvrage :
Sur les conditions du développement de V économie paysanne en Jiussie).
Ni chez l’un ni chez l’autre, le lecteur ne trouvait un tableau de cette
révolution que le capitalisme a produite dans l’agriculture, parce
qu’aucun d’eux ne songe même pas à brosser un tableau général du
passage de l’économie féodale à l’économie capitaliste.