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demande de travail » souffrent d’une grave lacune : il
ignore la théorie de la « surpopulation capitaliste » ou de
l’armée de réserve du travail. Parmi les chapitres plus
réussis figurent ceux où il examine les villes modernes et
la situation des femmes dans l’industrie contemporaine.
Après avoir cité des statistiques sur l’extension du travail
féminin et décrit les très mauvaises conditions dans lesquel
les il s’accomplit, Hobson note très justement que le seul
espoir d’améliorer ces conditions réside dans le remplace
ment du travail à domicile par le travail en fabrique, ce qui
aboutit à « des rapports sociaux plus étroits » et à l’« or
ganisation ». De même, à propos du rôle des villes, il se
rapproche dos vues générales de Marx en reconnaissant
que l’opposition entre la ville et la campagne est en contra
diction avec la structure de la société collectiviste. Ses con
clusions auraient beaucoup gagné en force persuasive s’il
n’avait pas, là encore, ignoré les enseignements de Marx.
On peut présumer qu’il aurait alors souligné plus nette
ment le rôle historiquement progressif des grandes villes
et la nécessité d’associer l’agriculture et l’industrie dans
une organisation collectiviste de l’économie. Le dernier
chapitre: «La civilisation et l’essor industriel », est sans
doute le meilleur ; l’auteur y démontre, par une suite d’ar
guments bien choisis, qu’il est indispensable de réformer
la structure actuelle de l’industrie en renforçant le « con
trôle social » et en s’orientant vers la « socialisation de
l’industrie ». Si l’on veut porter un jugement sur les vues
quelque peu optimistes de Hobson quant au moyen de
réaliser ces « réformes », il faut prendre en considération
les particularités de l’histoire et de la vie anglaises : le
développement considérable de la démocratie, l’absence
de militarisme, la puissance énorme des trade-unions orga
nisées, les investissements croissants de capitaux hors de
l’Angleterre, qui affaiblissent l’antagonisme entre les
entrepreneurs et les ouvriers, etc.
Dans son livre bien connu sur le mouvement social au
XIXe siècle, le professeur W. Sombart signale, notamment,
la « tendance à l’unité » (titre du chapitre VI), c’est-à-dire
à l’homogénéité manifestée par le mouvement social des
différents pays sous ses diverses formes et nuances, parallè
lement à la diffusion des idées marxistes. En ce qui con-