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fond en comble l’agriculture européenne, c’est la concur
rence du blé à bon marché importé d’Amérique, d’Argen
tine, d’Inde, de Russie, etc. Kautsky examine en détail
la signification de ce fait engendré par le développement
de l’industrie en quête de marchés. Il décrit la chute de la
production céréalière en Europe sous l’influence de cette
concurrence, la baisse de la rente, et insiste notamment sur
l’« industrialisation de l’agriculture» qui se traduit d’un
côté par le travail salarié des petits paysans dans l’indus
trie et, de l’autre, par le progrès des productions agricoles
techniques (distillation, raffinage du sucre, etc.), et même
par l’élimination de certaines branches agricoles au profit
de l’industrie de transformation. Les économistes opti
mistes, dit Kautsky, ont tort de penser que ces change
ments de l’agriculture européenne peuvent la sauver de la
crise : la crise gagne sans cesse en étendue et ne peut se
terminer que par une crise générale du capitalisme. Evidem
ment, cela ne donne nullement le droit de parler de la ruine
de l’agriculture, mais le caractère conservateur de cette
dernière a disparu à jamais : l’économie agricole se méta
morphose sans interruption, ce qui caractérise le mode de
production capitaliste en général. « Une partie considérable
des terres, écrit Kautsky, sert à la grande production agri
cole dont le caractère capitaliste se développe de plus en
plus ; l’augmentation des fermages et des hypothèques,
l’industrialisation de l’agriculture — tels sont les éléments
qui préparent le terrain à la socialisation de la production
agricole »... Il serait absurde de s’imaginer, dit Kautsky
dans sa conclusion, qu’une partie de la société se développe
dans une direction et une autre dans la direction opposée.
En réalité, « l’évolution sociale s’effectue dans l’agricul
ture dans le même sens que dans l’industrie ».
Appliquant les résultats de son analyse théorique aux
questions de la politique agraire, Kautsky se prononce,
-naturellement, contre toute tentative visant à soutenir et
à « sauver » l’exploitation paysanne. Il n’y a aucune raison
de croire, dit Kautsky, que la communauté rurale puisse
passer à la grande agriculture communautaire (p. 338,
paragraphe : « Der Dorfkommunismus »* ; voir p. 339).
* « Le communisme au village ». (N.R.)
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