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la possèdent. Puis il examine les rapports entre la grande
et la petite production, et constate que la supériorité techni
que de la première sur la seconde est indiscutable. Kautsky
démontre cette thèse d’une manière circonstanciée et établit,
avec lorce détails, que la petite production se maintient
non en vertu de qualités techniques rationnelles, mais
du fait que les petits paysans s’échinent davantage que les
ouvriers salariés et abaissent le niveau de leurs besoins au
dessous de celui de ces derniers. Les données citées à ce
propos sont extrêmement intéressantes et significatives au
plus haut point. L’analyse de la question des associations
agricoles l’amène à conclure qu’elles marquent un progrès
indubitable, mais qu’elles sont une transition vers le capi
talisme et non vers une production communautaire ; loin
de diminuer la supériorité de la grande production sur la
petite, ces associations l’accentuent. Il est absurde de croire
que les paysans pourraient, dans la société actuelle, passer
à la production communautaire. D’habitude, on se réfère
aux statistiques qui ne témoignent pas de l’évincement
de la petite exploitation agricole par la grande, mais indi
quent seulement que l’évolution du capitalisme est beau
coup plus complexe dans l’agriculture que dans l’industrie.
Même dans cette dernière, la tendance fondamentale du
développement subit souvent les interférences de phéno
mènes comme l’extension du travail capitaliste à domi
cile, etc. Dans l’agriculture, ce qui empêche la petite pro
duction d’être évincée, c’est avant tout l’exiguïté des
terrains ; l’achat de petites parcelles en vue de constituer
un grand domaine se heurte à de très nombreuses difficul
tés ; quand l’agriculture prend un caractère intensif, une
diminution de la surface cultivée est parfois compatible
avec une augmentation de la quantité des produits obtenus
(aussi la statistique, qui opère exclusivement sur les données
concernant les surfaces cultivées, est-elle pou probante).
La concentration de la production s’effectue par l’achat de
nombreux domaines réunis aux mains d’un seul proprié
taire, les latifundia ainsi constituées servent de base à l’une
des formes les plus élevées de la grande agriculture capita
liste. Enfin, la grande propriété foncière elle-même n’aurait
pas intérêt à éliminer complètement la petite : cette der
nière lui fournit de la main-d’œuvre 1 Aussi les propriétai
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