☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 22-23

et plus*, d’après l’Index pour 1879 et d’après la Liste pour
1894-95, eu ce qui concerne la Russie d’Europe. On ob
tient les chiffres instructifs que voici :
NOMBRE DES FABRIQUES ET DES
USINES DANS LA RUSSIE D'EUROPE
Sources Années Total Employant 16 ouvriers et plus Employant moins de 16 ouvriers
Index, lre éd. 1879 27 986* ** 4 551 23 435
- 3e - 1890 21 124 6 013 15 111
Liste 1894-95 14 578 6 659 7 919
6 372 sans
les impri
meries
Ainsi, la comparaison des chiffres qui seuls peuvent être
reconnus comme approximativement similaires, compara
bles et complets, montre que le nombre des fabriques en Rus
sie s'accroît, et meme assez rapidement : en 15-16 ans
(de 1879 à 1894-95), il passe de 4 500 à 6 400, soit une aug
mentation de 40% (en 1879 et en 1890, les imprimeries
n’étaient pas comptées parmi les fabriques). Quant aux
établissements employant moins de 16 ouvriers, il serait
absurde de comparer leur nombre pour les années indiquées,
parce que toutes ces publications ont adopté des définitions
différentes de la notion de « fabriques » et des indices dif
férents pour exclure de petites entreprises. En 1879, on
n’éliminait aucune de ces dernières ; de ce fait, les branches
touchant l’agriculture et les industries paysannes (meune
ries, huileries, briqueteries, tanneries, poteries, etc.) com
prenaient une énorme quantité de tout petits établissements
omis dans les éditions postérieures. En 1890, on laissait
déjà de côté quelques petits établissements (dont la produc
tion totale n’atteignait pas une valeur de 1 000 r.), d’où une
réduction du nombre des petites « fabriques ». Enfin, en
♦ Nous prenons 16 et non 15 ouvriers, d’une part, parce que le
dénombrement des fabriques employant 16 ouvriers et plus a déjà été
fait dans rIndex pour 1890 (3e éd., p. X) et, d’autre part, parce que
les explications du ministère des Finances se réfèrent parfois à cette
norme (voir Kobéliatski, ouvrage cité, p. 14).

** Quelques renseignements faisant défaut, on y a suppléé par des
chiffres approximatifs : voir l’Index, p. 695.

1894-95, on élimina une quantité d’entreprises employant
moins de 15 ouvriers, ce qui réduisit d’un seul coup presque
de moitié le nombre des petites « fabriques » par rapport
à 1890. On peut comparer les nombres des fabriques pour
1879 et 1890 par un autre moyen, en relevant les établis
sements dont la production est d’au moins 2 000 r. En effet,
les totaux de Y Index que nous avons cités plus haut se rap
portent à toutes les entreprises enregistrées, alors que, dans
la liste nominative des fabriques, l’Index a inclus seulement
celles dont la production était d’au moins 2 000 r. Le nombre
d’entreprises de ce genre peut être considéré comme appro
ximativement comparable (bien que la liste de ces établis
sements, dans l’état actuel de notre statistique, ne puisse
jamais être complète), excepté toutefois la meunerie. Ici, le
recensement présente un caractère entièrement accidentel
dans l’Index aussi bien que dans le Recueil du département
du Commerce et des Manufactures pour les diflérentes pro
vinces et les différentes années. Dans certaines provinces,
on ne range parmi les « fabriques» que les moulins à vapeur;
dans d’autres, on leur adjoint les gros moulins à eau ;
ailleurs, on fait entrer en ligne de compte des centaines de
moulins à vent ; dans d’autres même les moulins mus par
un cheval, etc. L’indice de la valeur de la production n’éli
mine nullement le chaos qui règne dans la statistique des
moulins de type industriel, parce qu’au lieu de cette valeur
on prend la quantité de farine, qui dépasse souvent, même
dans les très petits moulins, 2 000 pouds par an. Aussi le
nombre dos moulins qui figurent dans la statistique des fa
briques et des usines fait-il des bonds incroyables d’une an
née à l’autre, à cause de la disparité des procédés de recen
sement. Par exemple, le Recueil pour 1889, 1890 et 1891 a
dénombré dans la Russie d’Europe 5 073, 5 605 et 5 201 mou
lins. Dans la province de Voronèje, le nombre des moulins,
estimé à 87 en 1889, s’est d’emblée élevé à 285 en 1890 et
483 en 1892 par suite du rattachement fortuit des mou
lins à vent. Dans la région du Don. le nombre des moulins
est passé de 59 en 1887 à 545 en 1888 et 976 en 1890, pour
retomber à 685 en 1892 (parce que les moulins à vent étaient
tantôt inclus, tantôt exclus), etc., etc. On comprend qu’on
ne puisse se servir de pareilles données. Aussi prenons-nous
seulement les moulins à vapeur et, en leur adjoignant les