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la conclusion forgée de toutes pièces par M. Karychev ré
sulte du fait que le savant professeur compare des données
nullement comparables *. Et cette impossibilité de com
parer ne tient nullement à l’absence, pour 1885, de chiffres
concernant les usines soumises à l’accise. M. Karychev
aurait pu se référer à des chiffres englobant les usines de cet
te catégorie (en les tirant de Y Index déjà cité d’Orlov, éta
bli d’après les mêmes états du département du Commerce
et des Manufactures) ; il aurait ainsi fixé : le nombre des
« fabriques » dans la Russie d’Europe à 27 986 pour 1879,
27 235 pour 1884, 21 124 pour 1890, et la « réduction » en
1894-95 (14 578) paraîtrait infiniment plus élevée. Le
malheur est que tous ces chiffres ne se prêtent pas à la com
paraison, parce que la notion de « fabrique » n’est pas iden
tique dans les publications anciennes et les publications
actuelles, et aussi parce qu’on fait figurer parmi les « fabri
ques », au petit bonheur (pour certaines provinces et pour
certaines années), de minuscules établissements qu’il serait
ridicule de vouloir recenser entièrement avec les moyens
dont dispose notre statistique. Si, par exemple, M. Ka
rychev s’était donné la peine d’analyser la notion de « fabri
que » telle que la Liste la définit, il aurait vu que, pour
comparer le nombre des fabriques indiqué dans cette édition
à celui des autres éditions, il est indispensable de considé
rer seulement les entreprises employant 15 ouvriers ou plus,
vu que les établissements de ce genre sont les seuls à avoir
été recensés sans aucune restriction par la Liste pour toutes
les provinces et toutes les industries. Comme il s’agit en
l’occurrence d’entreprises relativement importantes, leur
recensement est le plus satisfaisant, dans les éditions an
ciennes également. Apres nous être assuré que les don
nées que nous comparons sont effectivement comparables
calculons le nombre des fabriques employant 16 ouvriers
* En 1889, M. Karychev se servait (louriditcheski Vestnik n° 9)
des données empruntées aux rapports adressés au tsar par MM. les
gouverneurs, relatives à l’année 1885, comprenant des milliers de
minuscules moulins, huileries, briqueteries, poteries, tanneries,
mégisseries et autres ateliers d’artisans, et il fixait le nombre des « fa
briques » dans la Russie d’Europe à 62 801 1 On s’étonne qu’il n’ait
pas calculé le pourcentage de « réduction » actuelle du nombre des
fabriques, par rapport à ce chiffre.