Page 445 · vol. 4
prêts à lui rendre mille services. Et une grande tâche nous
incombe : organiser toutes ces armées, les organiser de façon
à pouvoir non seulement provoquer des explosions passagè
res, non seulement porter à l’ennemi des coups accidentels,
isolés (et par suite sans danger pour lui), mais livrer à
l’ennemi une guerre continuelle, opiniâtre et soutenue
sur toute la ligne, traquer le gouvernement autocratique
partout où il sème l’oppression et récolte la haine. Mais
est-il possible d’atteindre ce but sans porter parmi les
millions de paysans les germes de la lutte de classe et de la
conscience politique? N’allez pas dire que la chose est
impossible : elle n’est pas seulement possible, elle se fait
déjà par mille chemins qui échappent à notre attention
et à notre action. Elle gagnera infiniment en ampleur et en
rapidité lorsque nous saurons formuler un mot d’ordre im
pulsant une telle action et que nous arborerons le drapeau
de l’affranchissement du paysan russe de tous les vestiges
ignominieux du servage. Les gens de la campagne qui
viennent à la ville observent dès maintenant avec intérêt
et curiosité la lutte, incompréhensible pour eux, que sou
tiennent les ouvriers, et ils en répandent la nouvelle jusque
dans les coins les plus reculés. Nous pouvons et devons
faire en sorte que cette curiosité de spectateurs passifs cède
la place, sinon à une compréhension totale, du moins à la
conscience même confuse du fait que les ouvriers luttent
pour les intérêts du peuple tout entier, et qu’elle cède la
place à une sympathie de plus en plus grande pour leur
lutte. Alors, le jour de la victoire du parti ouvrier révo
lutionnaire sur le gouvernement policier approchera avec
une rapidité qui nous surprendra nous-mêmes.
Rédigé en février 1901
Publié en avril 1901 dans le n’ 3
de r* Iskra »
Conforme au texte de
l’« Iskra »