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certains renseignements, le gouvernement a donné d’un seul
coup pour la guerre, par un décret non publié, 150 millions
de roubles ; en outre, les dépenses courantes pour la guerre
engloutissent un million de roubles tous les trois ou quatre
jours. Et ces sommes toiles sont gaspillées par un gouverne
ment qui rogne sans cesse les allocations aux paysans aila
més, qui marchande chaque copeck, qui ne trouve pas
d’argent pour l’instruction publique, qui, comme le premier
koulak venu, lait suer sang et eau aux ouvriers des usines de
l’Etat, aux petits employés des postes, etc. !
Le ministre des Finances Witte a déclaré qu’au 1er janvier
1900, le Trésor disposait d’une encaisse de 250 millions de
roubles : actuellement, cet argent n’existe plus, il a été
dépensé pour la guerre ; le gouvernement cherche à em
prunter, augmente les impôts, renonce faute d’argent aux
dépenses nécessaires, arrête la construction des voies ler
• rées. Le gouvernement tsariste est menacé de banqueroute,
et il se lance dans une politique de conquêtes, une politi
que qui non seulement exige d’énormes ressources financiè
res, mais risque de l’entraîner dans des guerres plus dange
reuses encore. Les puissances européennes qui se sont abat
tues sur la Chine commencent déjà à se disputer pour le par
tage du butin et personne ne saurait dire comment ces dis
putes se termineront.
Mais la politique du gouvernement tsariste en Chine
n’est pas seulement une insulte aux intérêts du peuple,
elle vise à corrompre la conscience politique des masses po
pulaires. Les gouvernements qui ne s’appuient que sur la
force des baïonnettes et qui sont constamment obligés de
contenir ou de réprimer des soulèvements populaires ont
depuis longtemps compris cette vérité que rien ne saurait
venir à bout du mécontentement populaire ; il faut tâcher
de le détourner du gouvernement sur quelqu’un d’autre. C’est
ainsi qu’on attise, par exemple, la haine contre les juifs :
des journaux orduriers s’en prennent furieusement aux
juifs, comme si l’ouvrier juif ne souffrait pas tout autant
que l’ouvrier russe du joug que font peser le capital et le
gouvernement policier. Actuellement, la presse mène cam
pagne contre les Chinois et se répand en clameurs sur la
barbarie de la race jaune et sa haine de la civilisation, sur
la mission civilisatrice de la Russie, l’enthousiasme avec