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nus non seulement des autorités, mais même de tout individu
étranger à l’organisation. Celle-ci doit être une organisa
tion révolutionnaire, elle doit être composée de personnes ayant
une idée bien nette des objectifs du mouvement ouvrier
social-démocrate et décidées à mener une lutte intransi
geante contre le régime politique actuel ; elle doit allier dans
son sein le savoir socialiste et l’expérience révolutionnaire
que les enseignements de plusieurs dizaines d’années
ont accumulée chez nos intellectuels révolutionnaires avec
cette connaissance du milieu ouvrier et cet art de convaincre
et d’entraîner les masses qui sont propres aux prolétaires
d’avant-garde. Notre souci doit être, avant tout et par
dessus tout, non pas d’élever une barrière factice entre in
tellectuels et ouvriers, non pas de fonder une organisation
« purement ouvrière », mais précisément d’arriver à cette
combinaison. Nous nous permettrons de rappeler ici les
paroles suivantes de Plékhanov :
« La condition nécessaire de cette activité (d’agita
tion), c’est le rassemblement des forces révolutionnaires
déjà existantes. La propagande dans les cercles peut être
faite par des individus n’ayant aucun lien entre eux, ne
soupçonnant même mutuellement leur existence. Bien en
tendu, l’absence d’organisation se ressent toujours aus
si dans la propagande ; mais elle ne la rend pas impos
sible. Aux époques de forte effervescence sociale, quand
l’atmosphère politique est saturée d’électricité et que,
ici ou là, les occasions les plus diverses, les plus impré
vues, produisent des explosions de plus en plus fréquentes,
témoignant de l’approche de la tourmente révolutionnaire,
— quand, en un mot, il faut faire de l’agitation ou rester
à la traîne, à de telles époques, seules des forces révolu
tionnaires organisées peuvent exercer une sérieuse influen
ce sur le cours des événements?] L’individu isolé est alors
impuissant, et seules des unités d’un ordre supérieur sont
à la hauteur de la cause révolutionnaire : ce sont les or
ganisations révolutionnaires. » (G. Plékhanov : Les objec
tifs des socialistes dans la campagne contre la famine,
p. 83.)
L’histoire du mouvement ouvrier de Russie arrive pré
cisément à une de ces périodes d’effervescence et d'explo
sions se produisant pour les motifs les plus variés, et