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pour faire réellement de cette fête, dans toute la Russie,
une grande manifestation du prolétariat conscient. Qu’est
ce qui a conféré au 1er mai de Kharkov le caractère
d’un événement marquant ? C’est la participation en
masse des ouvriers à la grève, les énormes rassemblements
dans les rues groupant des milliers et des milliers de per
sonnes, drapeaux rouges en tête et proclamant les revendi
cations contenues dans les appels, la portée révolutionnaire
de ces revendications : journée de 8 heures et liberté poli
tique. La légende prétendant que les ouvriers russes ne
seraient pas encore mûrs pour la lutte politique, et que leur
principale allaire serait la lutte purement économique,
complétée pou à peu et progressivement par une agitation
politique partielle pour telles ou telles réformes poli
tiques, et non pour la lutte contre tout le régime politique
de la Russie, cette légende se trouve radicalement démen
tie par le 1er mai de Kharkov. Mais nous voulons ici at
tirer l’attention sur un autre aspect de la question. En
prouvant une fois de plus les capacités politiques des ou
vriers russes, le 1er mai de Kharkov montre en même temps
ce qui nous manque pour.donner à ces capacités leur plein
développement.
Les social-démocrates de Kharkov s’étaient efforcés
de préparer le 1er mai, en diffusant à l’avance tracts et
brochures ; il y avait aussi un programme, composé par
les ouvriers, de manifestation générale et d’allocutions
sur la place Konnaïa. Pourquoi ce programme n’a-t-il
pas été suivi ? Les camarades de Kharkov répondent de
la façon suivante : c’est que les forces de l’« état-major
général » des ouvriers socialistes conscients étaient iné
galement réparties, beaucoup dans une usine, peu dans
les autres; c’est ensuite que le plan des ouvriers «était con
nu des autorités », qui, comme de juste, avaient pris tou
tes les mesures afin de les diviser. La conclusion est clai
re : ce qui nous manque, c’est V organisation. Le gros des
ouvriers s’est mis déjà en branle, prêt à suivre les chefs
socialistes, mais l’« état-major général » n’a pas encore
su constituer un noyau solide capable de répartir convena
blement toutes les forces disponibles des ouvriers conscients
et assurer une clandestinité suffisante à son travail pour
que les plans d’action établis à l’avance restent incon-