☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 366-367

de fait : il suffirait do nommer le « Credo », qui a d’ores
et déjà suscité de très justes protestations, le «Supplé
ment spécial » à la Rabotchaïa Mysl de septembre 1899,
où s’exprime avec tant de reliel la tendance qui pénètre
tout ce journal, ou enlin le manileste du « Groupe d’auto
libération de la classe ouvrière »132 de Pélersbourg, rédigé
lui aussi dans l’esprit do l’« économisme ». Et il est ab
solument faux d’allirmer, comme le lait le Rabotchéié Dié
lo133, que le «Credo» ne représente rien de plus que l’opi
nion de quelques individus, que la tendance de la Rabotchaïa
Mysl traduit seulement la contusion d’idées et la mala
dresse de sa rédaction, et non une orientation particulière
du mouvement ouvrier russe.

En même temps, dans les ouvrages d’auteurs en qui
le lecteur voyait jusqu’ici, à tort ou à raison, des repré
sentants éminents du marxisme « légal», on voit se ma
nifester de plus en plus un revirement vers des concep
tions proches de l’apologétique bourgeoise. Le résultat,
c’est ce désordre et cette anarchie qui ont permis à
l’ex-marxiste, ou plutôt à l’ex-socialiste Bernstein, en
énumérant ses succès, de déclarer par écrit, sans rencon
trer d’objections, que la majorité des social démocrates
militant en Russie seraient ses disciples.

Nous ne voulons pas exagérer le danger de la situa
tion, mais il serait inliniment plus nuisible de prétendre
l’ignorer; voilà pourquoi nous saluons de tout cœur
la décision du groupe « Libération du Travail » de repren
dre ses publications et d’entreprendre une lutte systématique
contre ceux qui veulent dénaturer et avilir le social-dé
mocratisme.
La conclusion pratique de tout ce qui précède, la voi
ci : notre devoir, à nous social-démocrates russes, est de
nous unir étroitement et d’orienter tous nos ellorts vers
la lormation d’un parti solide, combattant sous le drapeau
commun de la social-démocratie révolutionnaire. Tel était
d’ailleurs l’objectil déjà indiqué par le congrès de 1898,
qui londa le Parti ouvrier social-démocrate de Russie et
publia son Manifeste.

Nous nous déclarons membres de ce parti, nous parta
geons sans réserve les idées essentielles du Manifeste et
lui reconnaissons une grande importance en tant que dé-

claration publique des buts du Parti. Aussi, pour nous, mem
bres du Parti, la question de l'objectif prochain et immédiat se
pose-t-elle de la laçon suivante : quel plan d’action de
vons-nous adopter pour reconstituer le Parti sur la base
la plus solide possible ?

La réponse quion fait d’ordinaire à cette question
est celle-ci : il tant élire un nouveau Comité central et
le charger de reprendre la publication de l’organe du Parti.

Mais, dans la période de désarroi que nous traversons, un
moyen aussi simple ne saurait guère être d’un grand se
cours.
Créer et affermir le Parti, c’est créer et affermir l’u
nion de tous les social-démocrales russes; or, pour les raisons
indiquées plus haut, une pareille union ne saurait être
décrétée, on ne peut l’instaurer uniquement, disons, par
décision d’une assemblée de délégués ; il laut l’élaborer.

Il laut élaborer, avant tout, une solide unité idéologique.,
excluant les divergences et la confusion qui — soyons
francs! — régnent à l’heure actuelle parmi les social
démocrates russes ; il laut cimenter cette unité idéologi
que par un programme du Parti. Il faut, en second lieu,
mettre sur pied une organisation spécialement chargée de
maintenir la liaison entre tous les centres du mouvement,
de procurer en temps utile des renseignements complets
sur ce mouvement et d’alimenter régulièrement en presse
périodique tous les points de la Russie. C’est seulement
quand cette organisation aura été lorgée, quand il y aura
une poste socialiste russe, que le Parti aura une existence
assurée et deviendra un lait réel, et donc une lorce politi
que puissante. C’est à la première moitié de cette tâche,
c’est-à-dire à la mise sur pied d’une littérature politique
commune, iidèle aux principes, capable d’unir sur le ter
rain idéologique la social-démocratie révolutionnaire, que
nous voulons consacrer nos ellorts, car nous y voyons un
besoin vital du mouvement à l’heure actuelle et une
marche préparatoire indispensable à la reprise de l’activi
du Parti.

Comme nous l’avons déjà dit, l’unité idéologique
des social-démocrates russes est encore à réaliser, ce qui
requiert, à notre avis, une ample discussion publique des
grands problèmes de principe et de tactique soulevés de nos