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On appelle conseil de prud’hommes des tribunaux com
posés de délégués élus des ouvriers et des patrons (des
fabricants dans l’industrie), qui examinent les allaires et
les diilérends si fréquemment suscités par les conditions
d’embauche, par la détermination du salaire pour un
travail normal et pour le paiement des heures supplémen
taires, par le congédiement des ouvriers en violation des
règles établies, les dédommagements pour détérioration
de matériel, les amendes arbitraires, etc., etc. Ces tribu
naux existent dans la plupart dos pays d’Europe occiden
tale, mais pas en Russie ; nous nous proposons d’examiner
les avantages qu’ils apportent aux ouvriers et les raisons
pour lesquelles il est désirable de les instituer en plus
des tribunaux ordinaires, où opère un seul juge désigné
par le gouvernement ou élu par les classes possédantes,
sans aucun représentant élu des patrons ni des ouvriers.
Le premier avantage du conseil de prud’hommes est
d’être beaucoup plus accessible aux ouvriers. Pour porter
plainte devant un tribunal ordinaire, il iaut rédiger une
requête (ce qui exige souvent le concours d’un avocat) ; il
faut payer les droits de timbre, attendre longtemps le jour
du jugement, comparaître devant le tribunal en interrom
pant pour cela son travail et celui des témoins ; il iaut at
tendre ensuite que l’aiiaire soit, sur la plainte des parties
mécontentes, renvoyée devant une instance supérieure, où
elle fera l’objet d’un nouveau jugement. 11 n’est pas éton
nant que les ouvriers mettent si peu d’empressement à
s’adresser aux tribunaux ordinaires ! Par contre, les con-