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Il n’y a pas lieu ici de s’arrêter plus longuement sur cette
question.
En ce qui concerne la législation populaire directe, il
ne faut pas du tout, à notre avis, l’introduire dans notre
programme à l’heure actuelle. On ne saurait, d’un point
de vue de principe, lier la victoire du socialisme au rem
placement du parlementarisme par une législation popu
laire directe. C’est ce qu’ont prouvé, selon nous, les débats
sur le programme d’Erfurt et le livre de Kautsky sur la
législation populaire. Ce dernier établit (sur la base d’une
analyse historique et politique) que la législation populaire
est d’une certaine utilité dans les conditions suivantes :
1° absence d’opposition entre la ville et la campagne ou
prépondérance des villes ; 2° existence de partis politiques
hautement développés ; 3°« absence d’un pouvoir d’Etat
excessivement centralisé et s’opposant en tant que tel à la
représentation populaire ». En Russie, nous avons des con
ditions tout à fait contraires, et le danger de voir la « légis
lation populaire » dégénérer en « plébiscite » impérialiste
serait chez nous particulièrement grand. Si, à propos de
l’Allemagne et do l’Autriche, Kautsky a dit en 1893 que
« pour nous, Européens de l’Est, la législation populaire
directe est du domaine de l’« Etat futur », cela est infi
niment plus vrai pour la Russie. Aussi pensons-nous qu’au
jourd’hui, sous le règne de l’autocratie en Russie, nous
devons nous borner à réclamer une « Constitution démo
cratique » et préférer les deux premiers points de la partie
pratique du programme rédigé par le groupe « Libération
du Travail » aux deux premiers points de la partie pratique
du «programme d’Erfurt».
Passons à la partie pratique du programme. Elle com
porte, à notre avis, sinon par sa forme, du moins par le
fond, trois sections : 1° réformes démocratiques générales ;
2° mesures de protection des ouvriers et 3° mesures dans
l’intérêt des paysans. En ce qui concerne la première sec
tion, il n’y a guère lieu d’apporter de changements substan
tiels au « projet de programme » du groupe « Libération
du Travail », qui exige : 1° suffrage universel ; 2° indem
nité parlementaire ; 3° instruction générale, laïque, gra
tuite et obligatoire, etc. ; 4° inviolabilité de la personne
et du domicile des citoyens ; 5° liberté illimitée de conscien-