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bien qui rira le dernier * / Non seulement Kautsky n’ou
blie pas la diminution du nombre des travailleurs agricoles,
mais il l’établit en détail pour tout un groupe de pays ;
seulement ce lait n’a rien à voir ici, parce que c’est l’en
semble de la population rurale qui diminue, tandis qu’aug
mente le nombre des petits agriculteurs prolétarisés. Ad
mettons que le gros propriétaire au lieu de produire des
céréales cultive la betterave et la transforme en sucre (en
Allemagne, on a traité en 1871-1872 2 200 000 tonnes
de betteraves, en 1881-1882 6 300 000 tonnes, en 1891
1892 9 500 000 tonnes, en 1896-1897 13 700 000 tonnes).
Admettons encore qu’il ait vendu ou donné à bail les par
celles périphériques de son domaine à de petits paysans,
surtout s’il avait besoin de leurs femmes et de leurs enfants
en tant que journaliers pour la culture des betteraves.
Admettons qu’il se serve d’une charrue à vapeur qui évince
les anciens laboureurs (dans les exploitations betteraviè
res de Saxe — « exploitations modèles de culture inten
sive »** — les charrues à vapeur sont à présent d’un usage
courant). Le nombre des ouvriers salariés va diminuer.
Celui des employés qualifiés (comptables, gérants, techni
ciens, etc.) augmentera inévitablement. M. Boulgakov
va-t-il nier que nous soyons ici témoins d’une accentuation
de l’intensité et du caractère capitaliste de la grande
production ? Va-t-il soutenir qu’on n’observe rien de tel
en Allemagne ?
Pour terminer l’exposé du chapitre VIII du livre de
Kautsky sur la prolétarisation des paysans, il est nécessaire
de citer le passage suivant : « Ce qui nous intéresse ici,
écrit-il à la suite de la citation ci-dessus et relevée par
M. Boulgakov, c’est le fait que la prolétarisation de la
population rurale progresse en Allemagne comme ailleurs
bien que la tendance au morcellement des domaines moyens
* (En français dans le texte.— 1N.B.) Elle est réellement curieuse,
cette remarque de M. Boulgakov que l’augmentation du nombre des
employés témoigne peut-être de l’essor de l’industrie agricole, mais
sûrement pas (!) d’une intensification croissante de la grande produc
tion. Nous pensions jusqu’à présent qu’une des formes les plus impor
tantes de cette intensification était le progrès industriel de l’agricul
ture (décrit en détail et dûment apprécié par Kautsky au chapitre X).
♦♦ Kârgcr, cité par Kautsky. S. 45.
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