☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

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solue) et a été fixée dans les prix de la terre*. Dans les co
lonies (Amérique, Argentine, etc.), et pour autant qu’elles
restent des colonies, nous voyons au contraire des terres
libres, que les nouveaux colons occupent soit tout à lait gra
tuitement, soit pour un prix dérisoire ; en outre, ce sont
des terres vierges dont la fertilité abaisse les coûts de pro
duction jusqu’au minimum. Il est tout à lait naturel que,
jusqu’à présent, l’agriculture capitaliste européenne ait
lait retomber sur les consommateurs la rente démesurément
gonflée (sous la forme des prix élevés du blé) ; mais à pré
sent le lardeau de cette rente pèse sur les exploitants agri
coles et les propriétaires fonciers eux-mêmes et les ruine**.

Ainsi, la crise agraire a perturbé et continue à perturber
l’ancienne prospérité do la propriété foncière et de l’agri
culture capitalistes. Jusqu’à présent, la propriété foncière
capitaliste prélevait un tribut toujours plus élevé sur le
développement social et en fixait le montant dans les prix
de la terre. A présent, elle se voit contrainte de renoncer
à ce tribut***. L’agriculture capitaliste a été précipitée dans
cet état d’instabilité qui est le propre de l’industrie capita
liste, et elle est contrainte de s’adapter aux nouvelles
conditions du marché. La crise agraire, comme toute cri
se, ruine de nombreux propriétaires, engendre un profond
bouleversement dans les rapports de propriété établis, en
* Sur cette boursouflure de la rente et sa fixation voir les remar
ques pertinentes de Parvus dans Le marché mondial et la crise agri
cole. L’auteur partage les vues fondamentales de Kautsky sur la crise
et sur la question agraire en général.

♦♦ Voir Parvus, ouvrage cité, p. 141. Cité dans le TV a l ch al o, n° 3,
p. 117, compte rendu du livre de Parvus (voir le présent tome, p. 66.—
N.IL). Nous ajouterons que les autres « difficultés » de l’agriculture
marchande qui pèsent sur l’Europe ne grèvent les colonies qu’à un
bien moindre degré.

La rente absolue est le résultat du monopole. « Par bonheur,
écrit Kautsky, la hausse de la rente absolue a ses limites... Jusqu’à
ces derniers temps, elle a régulièrement augmenté en Europe, tout
comme la rente différentielle. Mais la concurrence d’outre-mer a
brisé ce monopole dans une large mesure. Nous n’avons aucune rai
son de penser que la rente différentielle ait souffert en Europe de la
concurrence d’outre-mer, exception faite de quelques districts d’An
gleterre... Mais la rente absolue a baissé et cela a été avantageux
(zu gute gekommen) avant tout pour les classes laborieuses » (S. 80.

Voir également S. 328).